Les médias kényans font état d’un vif débat, dans le pays, autour de la moralisation de la vie religieuse. Les nouvelles dispositions du procureur général obligent désormais les organisations religieuses à disposer d’un registre à jour, comportant la liste de leurs fidèles. Elle impose aussi à tout prêcheur d’avoir suivi une formation théologique et d’être certifié comme tel. Les institutions religieuses doivent présenter une déclaration des sources de leurs revenus ainsi qu’une déclaration de leurs croyances, afin que leur doctrine soit examinée.
Les organisations chrétiennes s’opposent farouchement à cette disposition et ont appelé à la mobilisation avant même la publication officielle de la mesure.
Pour les diverses confessions, la directive est «déraisonnable et intenable», car elle donne des pouvoirs très étendus aux autorités, notamment celui de vérifier de façon impromptue les comptes des organisations. Ces dernières ont fustigé «une licence pour le gouvernement de violer la liberté de culte, garantie par la Constitution».
Pour la Conférence épiscopale du Kenya (KEC), la décision du procureur général est «un complot» du gouvernement visant à contrôler les activités des Eglises.
La contestation est telle que le président Uhuru Kenyatta a invité le procureur général à organiser des consultations approfondies avec toutes les parties pour parvenir à un accord.
Mgr Philip Anyolo, président de la KEC, a toutefois reconnu qu’il y avait un problème à régler, mais qu’il fallait le faire d’une manière qui ne contrevienne pas à la Constitution. «Même si nous reconnaissons les préoccupations du gouvernement concernant les cas où des personnes prétendant être des bergers du troupeau ont maltraité des fidèles, les nouvelles règles, à notre avis, ne sauraient leur apporter une réponse adéquate», a-t-il souligné.
L’Alliance évangélique du Kenya (EAK) a estimé que la nouvelle réglementation était une stratégie du gouvernement pour «museler» l’Eglise. Les organisations chrétiennes ont regretté, en général, que les décisions aient été prises sans qu’elles aient été consultées au préalable. (cath.ch-apic/ibc/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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