2e dimanche du temps ordinaire – Lectures bibliques : Isaïe 62, 1-5; Psaume 95; 1 Corinthiens 12, 4-11; Jean 2, 1-11
Ils n’ont pas de vin dit-elle à Jésus.
Qui l’a vu ?
Les époux ?
Les parents ou les invités déjà grisés ?
Les serviteurs ? Oui en tous cas.
Ils ne savent plus que faire.
C’est souvent ainsi :
Tout le monde sent plus ou moins que quelque chose ne va pas,
mais personne ne dit rien.
Seuls les petits, les plus pauvres sont les premiers dérangés.
Marie est là.
Non seulement elle voit,
Mais elle dit ce qu’elle voit !
Et ce n’est pas si simple de ne dire que ce que l’on voit.
Elle ne dit pas :
Ils ont encore voulu inviter trop de monde !
Ou bien,
Quelle descente ils ont ces Galiléens : Ils ont déjà tout sifflé !
Il est très difficile de dire ce que l’on voit,
seulement ce que l’on voit
sans accuser personne de quoi que ce soit.
Et comment réagit Jésus ?
Mal, semble-t-il ?
On peut vraiment entendre dans cette expression hébreu
qui est littéralement « quoi de toi à moi ? »,
quelque chose comme :
Femme , qu’est-ce que tu me veux ?
Qu’est-ce que cela peut bien me faire ?
Ce n’est pas ni mon problème ni ma faute !
Jésus réagirait-il à sa mère comme face à un reproche ou une obligation ?
Que c’est difficile de ne dire que ce que l’on voit.
Et quand on essaye, on constate aussitôt chez les autres,
qu’il est tout autant difficile d’entendre vraiment ce qui est dit !
Nous sommes tellement habitués à entendre des accusations ou des exigences !
Alors Jésus serait-il comme nous ?
Jean nous place au cœur d’un dialogue mystérieux,
entre les deux êtres les plus présents qui soient.
Cherchons donc à bien entendre.
Écouter la Parole de Dieu, c’est aller jusqu’à entendre l’intonation de sa voix,
sentir le mouvement de Son souffle, l’Esprit d’amour, à travers Ses mots.
Jésus n’a pas dit d’un air méprisant :
Qu’est ce que tu me veux !
Et Marie n’est pas une marâtre manipulatrice
qui sait que son petit chéri, aussi grincheux soit-il,
finira toujours par se sentir obligé d’obéir.
Alors que dit-il et comment le dit-il ?
Mon heure n’est pas encore venue.
Là encore on peut entendre le fonctionnaire paresseux
caché derrière sa pancarte : guichet fermé.
Que ce dialogue est difficile à saisir !
Comme souvent chez l’évangéliste Jean,
on a l’impression que Jésus répond à côté de la question,
qu’il provoque le malentendu.
La plupart de nos conflits domestiques sont des procès d’intention.
Combien de couples ne s’écoutent plus
tellement chacun est certain de savoir ce que pense l’autre
avant même qu’il ait ouvert la bouche !
Or Jésus, lui seul justement, saisit nos intentions,
parce qu’il nous écoute toujours profondément.
A plus forte raison quand sa Mère lui parle,
elle dont le cœur est immaculé, si transparent.
Jésus nous rejoint dans la plus cachée de nos intentions,
et pas seulement les nôtres :
Jésus habite l’intention du Père.
Ainsi quand il dit : Mon heure n’est pas encore venue,
Il s’agit bien d’une référence à sa mission reçue du Père.
Par cette réponse :
Femme, quoi entre toi et moi ?
Mon heure n’est pas encore venue.
Jésus questionne le mystérieux lien entre Marie et lui,
et souligne que le temps fixé par le Père n’est encore pas arrivé.
Marie, la servante, si proche de ceux qui servent, leur dit alors :
Faites tout ce qu’il vous dira.
Effectivement, eux ne savaient plus que faire.
Comment parler sans être accusés d’avoir saboté la fête ?
Marie ne provoque rien sinon leur disponibilité.
De fait Jésus peut très bien leur dire :
Allez dire aux mariés que les outres sont vides.
Marie n’exige pas le miracle.
Elle voit.
Elle dit ce qu’elle voit.
Elle conseille l’humble disponibilité.
Elle, l’Immaculée, est justement celle qui a devancé l’heure du Salut.
Et ici encore son fiat devance l’œuvre du Fils, mais sans aucune prétention.
Nous devons entendre dans ce dialogue la mystérieuse délicatesse
qui existe entre Jésus et Marie.
Marie a la douceur sidérante des petits qui ne prétendent à rien et demandent tout.
Contrairement à nous, elle a confiance.
Elle sait que Jésus la rejoint dans son intention.
Alors elle nous conseille d’écouter et d’obéir à Celui qui toujours nous entend.
Cela provoque le signe du renouvellement de l’Alliance :
Le changement des eaux de la purification en vin des noces de l’amour.
Essayons donc d’être vraiment là comme Marie.
De ne dire que ce que nous voyons et pas plus.
De n’entendre que ce que nous entendons ni plus ni moins.
Soyons certains que Jésus nous rejoint dans nos intentions.
Et faisons ce qu’il nous dira de faire.
Alors nous verrons tout se transformer autour de nous.
Et précisément maintenant nous allons changer,
non pas l’eau en vin, mais le vin en Son sang
pour célébrer les Noces éternelles de l’Agneau,
pour que la surabondance de l’Amour
qui agit partout de manière cachée
soit manifestée à tous !