Le chef de l’Eglise catholique est en effet attendu dans l’après-midi du 17 janvier à la grande synagogue de Rome, située sur les bords du Tibre dans le quartier du Ghetto. Il sera le troisième pontife à s’y rendre, 30 ans après la visite historique de Jean Paul II, le 13 avril 1986, et six ans jour pour jour après Benoît XVI. Une façon aussi de marquer la 20e Journée d’approfondissement du dialogue entre juifs et catholiques, célébrée en Italie chaque 17 janvier.
Le pontife argentin entretient de nombreux rapports avec le monde juif. Archevêque de Buenos Aires, il avait signé un ouvrage avec son ami rabbin Abraham Skorka, qui l’a ensuite accompagné en Israël en 2014. En revanche, depuis son élection, quelques désaccords ont marqué sa relation avec le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, qui a notamment critiqué la prière pour la paix organisée au Vatican avec les présidents israélien et palestinien en juin 2014. Le rabbin a également manifesté au pontife sa désapprobation quant à l’utilisation du terme «pharisien» avec une connotation négative, entre autres lors de ses homélies matinales à Sainte-Marthe.
Dix jours avant leur rencontre à la synagogue, le grand rabbin a évoqué la spécificité de cet événement dans un entretien au Corriere della Sera: «La visite de Wojtyla (…) fut la révolution. La seconde a été faite par un pape, Ratzinger, qui avait une relation particulière avec le judaïsme (…). Son style était doctrinal, théologique, sage, et aussi formel. A présent je crois que les éléments principaux sont la continuité, le moment particulier de l’histoire, mais aussi la relation différente, pastorale, de François avec le public». D’où la nécessité, a confié le rabbin, d’adapter la rencontre du 17 janvier prochain à sa «personnalité». Le pape voudra en effet, a-t-il expliqué, «saluer directement le plus grand nombre possible de personnes».
Pour le grand rabbin Di Segni, «ce sera une étape ultérieure dans l’histoire». Dans un monde «ensanglanté de conflits qui s’alimentent avec la religion vue comme génératrice de haine, de violence, et de destruction», cette rencontre lancera «un message opposé: la diversité religieuse comme démonstration de cohabitation» et de «collaboration pour le bien de tous».
En marge des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) organisées à Cracovie en juillet 2016, le pape François devrait aussi se rendre à Auschwitz-Birkenau, camp d’extermination de la Seconde Guerre mondiale, comme ses deux derniers prédécesseurs. Il avait lui-même exprimé ce souhait en recevant au Vatican le président polonais Andrzej Duda, le 9 novembre dernier.
Un récent document de la Commission pontificale pour les relations religieuses avec le judaïsme recommande aux chrétiens de garder à l’esprit «l’immense tragédie de la Shoah». Publié le 12 décembre dernier, le texte plaide pour «un engagement commun s’opposant à toutes manifestations de discrimination raciale contre les juifs et toutes formes d’antisémitisme». Le document, qui affirme pour la première fois noir sur blanc que l’Eglise catholique ne cherche pas à convertir les juifs, a été salué par le Grand rabbinat d’Israël. (cath.ch-apic/imedia/ak/rz)
Raphaël Zbinden
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