Interrogé sur la réticence de certaines Eglises locales européennes à répondre à l’appel du pape François à accueillir dans les paroisses des familles de réfugiés, Mgr Gallagher s’est voulu pragmatique: «Il est normal que l’ignorance – pas dans le sens négatif du terme – ou le peu d’expérience de cette réalité religieuse, dans leur propre pays, suscite la peur (…) Il faut aussi être réaliste. Si l’on envoie 2’000 musulmans dans un village de 100 chrétiens, cela posera des problèmes d’intégration importants».
Certains évêques polonais, par exemple, ont affirmé qu’il serait plus aisé d’accueillir des réfugiés chrétiens, parce qu’ils s’intégreraient plus facilement. «On a dit qu’ils ont exclu les musulmans, a réagi Mgr Paul Gallagher. Mais ce n’est pas vrai. Ils sont restés réalistes, et ont pensé à l’intégration». Ces exigences ne doivent pas empêcher d’être «généreux», a-t-il tempéré, rappelant que de nombreux chrétiens avaient protégé des juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Interrogé sur la montée des populismes en Europe, avec l’exemple récent du succès du Front national (FN) aux élections régionales en France, le chef de la diplomatie vaticane a jugé que cela pouvait refléter «l’expression de désespoir des citoyens». Cette montée de l’extrême droite, a-t-il ajouté, «est une invitation implicite à nous réengager en politique».
Pour Mgr Gallagher, l’Europe vit «un moment de grande indifférence pour l’éthique», de désengagement des citoyens pour la politique. «Si l’on reste indifférents, a-t-il estimé, il est sûr que des groupes aux visions très fermées prendront notre place!». Il a aussi fermement condamné le discours de ces mouvements populistes: «L’Afrique n’est pas si loin, le Moyen-Orient non plus, on ne peut pas rester isolés, dans un pays idéalisé. On ne peut pas radicaliser la politique et défendre les intérêts d’un seul groupe, le monde ne fonctionne pas comme ça!»
Au cours de son intervention, Mgr Paul Gallagher a également invité à renforcer plus que jamais le dialogue interreligieux face à la globalisation du terrorisme islamique et notamment la montée en puissance du groupe Daech. Il a aussi invité les responsables musulmans à «un engagement toujours plus fort» pour dénoncer leurs actes et pour «condamner l’idée de pouvoir assassiner l’autre pour des raisons religieuses». (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)
Raphaël Zbinden
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