«Les divorcés remariés peuvent aussi traverser la Porte Sainte»

La Porte Sainte de la cathédrale de Saint-Gall a été ouverte par Mgr Markus Büchel dimanche soir 13 décembre 2015. L’occasion pour kath.ch de rencontrer Philipp Hautle, responsable de l’Année Sainte pour le diocèse de Saint-Gall. Peu enthousiaste vis-à-vis des indulgences qu’il définit de «rémission mécanique des péchés», le théologien est néanmoins d’avis qu’avec cette Année Sainte, le pape va ouvrir une porte nouvelle pour les indulgences et il s’en réjouit.

Interviewé par Barbara Ludwig de kath.ch, Philipp Hautle est incapable de dire si les divorcés remariés sont officiellement invités à franchir la Porte Sainte. La Lettre du pape insiste sur une Année jubilaire qui n’exclut personne, y compris les prisonniers et les femmes qui ont pratiqué l’avortement. Mais ce texte indique que, pour obtenir l’indulgence jubilaire, le passage à travers la Porte Sainte doit toujours être accompagné de l’absolution de ses péchés, ce qui est à ce jour refusé aux divorcés remariés, rappelle le théologien.

«On ne peut pas dicter où Dieu peut être miséricordieux»

Pour l’agent pastoral de Saint-Gall, les divorcés remariés ne devraient pas seulement pouvoir traverser la Porte Sainte, mais ils devraient également pouvoir accéder à la communion. Consterné par cette discipline de l’Eglise, il emploie même le terme de «péché contre le Saint-Esprit» à propos de ceux qui souhaitent dicter où Dieu peut être miséricordieux et où Il ne le peut pas. «Par cette attitude de fermeture, l’Eglise donne une image d’institution punitive, qui ne permet pas à ces personnes de réparer leur peine et c’est pourquoi beaucoup d’entre elles finissent par la quitter», explique Philipp Hautle, qui regrette une Eglise dans laquelle la conscience individuelle des personnes concernées est peu respectée.

«Le pape lui-même veut ouvrir une nouvelle porte aux indulgences»

Philipp Hautle reste positif à propos des remarques de François sur les indulgences. «Vivre l’indulgence de l’Année Sainte, c’est s’approcher de la miséricorde du Père, avec la certitude que son pardon s’étend à toute la vie des croyants», cite-il de la Bulle d’indiction du 11 avril 2015. Pour le théologien, la connexion entre miséricorde et indulgence saute aux yeux. Il a l’impression que le pape lui-même veut ouvrir une nouvelle porte pour indulgences, qu’il souhaite offrir une nouvelle interprétation. «Beaucoup de gens croient encore que l’indulgence est quelque chose à régler ou à négocier avec Dieu, explique-t-il, alors que l’essence de l’indulgence doit et ne peut être que de faire confiance à Dieu». Une indulgence basée sur la confiance en la miséricorde de Dieu, et non sur le respect des exigences légales. Dans une telle perspective, il n’y a pas de place pour une «rémission mécanique des péchés», conclut-il. (cath.ch-apic/bal/gr)

Grégory Roth

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