Lors de la Journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre 2015, quelque 400 membres des minorités religieuses se sont rassemblés devant le parlement du Penjab, à Lahore, pour demander la protection des non musulmans. Lors de cette manifestation, les orateurs ont évoqué le harcèlement, les conversions forcées, la discrimination et les violences qu’endurent les minorités religieuses au Pakistan. Pandit Bahagat Lal, leader hindou, a évoqué les filles «qui sont toujours kidnappées et converties de force dans les régions rurales du sud de la province du Sindh».
Les hindous, qui représentent moins de 2% de la population, ne sont pas les seuls à faire face aux discriminations et à la marginalisation. Les Musulmans de la communauté Ahmadiyya, les musulmans Hazaras et les chrétiens sont souvent la cible de persécutions, du simple harcèlement, en passant par la violence, jusqu’au meurtre.
Les évêques pakistanais, relayés par Ucanews, affirment que cette année a été «une année difficile pour les minorités religieuses, toujours victimes de violence et de discriminations». Les conversions forcées à l’islam se poursuivent dans le pays.
«2015 a vu les mêmes discriminations et difficultés auxquelles nous assistons depuis des années», déplore Mgr Samson Shukardin, évêque d’Hyderabad. «Des églises de Lahore ont subi des attentats à la bombe et beaucoup de chrétiens sont encore emprisonnés. Le gouvernement parle beaucoup des minorités mais fait bien peu en terme de législation en faveur des minorités», a-t-il poursuivi. Au moins 15 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, en mars 2015, lors d’attaques de kamikazes contre deux églises, à Lahore.
Mgr Shukardine relève que le rapport du Pakistan sur les droits humains était si pauvre qu’il n’a pas été voté lors du conseil des Droits de l’homme des Nations Unies, en octobre. Le prélat souhaite que ce type de pression internationale se poursuive pour obliger le gouvernement à protéger les droits des minorités religieuses.
Selon un rapport du Mouvement pour la solidarité et la paix, environ 300 jeunes filles hindoues et de 100 à 700 chrétiennes, sont converties de force à l’islam et mariées à des musulmans chaque année. Les médias rapportent que, ces cinq dernières années, 1’220 hindous ont quitté le Pakistan pour l’Inde. Les évêques catholiques ont fait part de leur inquiétude devant le nombre croissant de familles chrétiennes fuyant le Pakistan pour demander l’asile en Thaïlande, au Sri Lanka et en Malaisie.
Comme le signale le rapport 2014 sur la liberté religieuse dans le monde, publié par l’oeuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en Détresse (AED), l’article 2 de la Constitution pakistanaise établit que l’islam est la religion d’Etat, dans un pays où les musulmans représentent 96,4% de la population, les chrétiens et les Hindous en représentant respectivement 1,6% et 1,9%. Le système juridique est basé sur le droit britannique, mais la charia, librement appliquée dans certains districts, a une grande influence, précise encore AED. La Constitution garantit la pleine liberté de religion mais dans la structure constitutionnelle, juridique et politique du pays, les membres des minorités religieuses ne sont pas traités comme des citoyens égaux. Les lois du code pénal pakistanais concernant le blasphème limitent en pratique la liberté religieuse et d’expression et sont, dans la vie de tous les jours, un moyen de persécuter les minorités religieuses. Ces lois stipulent que profaner le Coran ou insulter le prophète Mahomet sont des délits passibles de la prison à vie et même de la peine de mort. (cath.ch-apic/ucn/aed/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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