Cette démarche inhabituelle du chef de l’Eglise catholique de RCA faisait suite à des troubles dans la capitale, après l’invalidation par les autorités compétentes de la candidature de l’ex-président François Bozizé à l’élection présidentielle du 29 décembre prochain.
Selon le site de Radio France internationale (RFI), des heurts sporadiques ont suivi l’annonce de cette invalidation. Les partisans de l’ancien chef de l’Etat avaient érigé des barricades dans certains quartiers de Bangui. Suite aux violences commencées en 2013, les diverses communautés de la capitale se sont recluses dans des parties de la ville strictement délimitées et gardées.
Face à cette situation, Mgr Nzapalainga a décidé de se rendre dans le quartier musulman, afin de calmer les esprits, un événement retracé par RFI.
Arrivé sur place, le prélat a garé son véhicule devant une barricade. «Pas la peine de lever le barrage, je continue à pied», a-t-il déclaré aux jeunes qui gardaient la route armés de kalachnikovs, avant de les bénir.
«Venez, nous allons au PK5», a lancé l’archevêque aux personnes qui l’accompagnaient. Le quartier musulman se trouvait à 300 mètres, après un no man’s land que personne ne se risque habituellement à franchir. L’un des accompagnateurs du prélat, un ancien musicien surnommé «Docteur Wech», craignant pour sa sécurité, a décidé de le suivre. «C’est la première fois que je traverse cette route depuis trois ans. Pourtant j’habite dans le coin», a relevé l’ami de l’archevêque.
Après avoir franchi la ligne rouge, en compagnie de Mgr Nzapalainga, «Docteur Wech» a demandé à voir Amaxon, un de ses anciens musiciens habitant le PK5. Après qu’Amaxon les ait rejoints, tous ont entonné en chœur un chant de paix.
Sur le chemin du retour, Mgr Dieudonné Nzapalainga avait le sourire jusqu’aux oreilles, assure RFI. Il a considéré avoir réussi sa mission. «Moi j’appelle ça une caravane de paix: prendre les Centrafricains qui sont d’un côté pour les amener de l’autre pour se rencontrer, se saluer, et s’embrasser. Ça c’est ma joie inouïe», a-t-il déclaré. Il a ajouté: «c’est la peur et la méfiance qui les gagnent. Moi je veux briser ça».
L’archevêque a promis de retourner marcher à travers les quartiers sensibles de Bangui autant de fois que nécessaire pour atteindre cet objectif. (cath.ch-apic/rfi/ibc/rz)
Raphaël Zbinden
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