La mosaïque des religions en Suisse est «bigarrée» et tout semble indiquer qu’elle le sera de plus en plus, indique Arnd Bünker, directeur du SPI, en introduction du rapport de statistiques. Les données récoltées depuis les années 1960 montrent en effet que la Suisse est passée d’un paysage religieux bi-confessionnel, où les Eglises catholique romaine et protestantes dominaient largement, à une pluralité religieuse. Outre l’essor vertigineux des personnes se déclarant «sans confession», la part des autres communautés chrétiennes et religieuses a augmenté de façon régulière.
L’Eglise protestante a diminué de près d’un tiers entre 1950 (56,3%) et 2013 (26,1%). L’Eglise catholique»«romaine a mieux réussi à se maintenir, restant aux alentours de 40%. Ce maintien est en grande partie dû à la migration, explique le SPI, une grande partie des personnes immigrant en Suisse étant de confession catholique. 54,8% des personnes s’étant installé en Suisse en 2013 étaient de confession chrétienne. La plus grande partie d’entre eux (38,9%) étaient catholiques.
L’augmentation constante du nombre de personnes sans confession constitue une seconde évolution marquante. Leur nombre a pratiquement doublé entre les années 2000 (11,4%) et 2013 (22,2%). Et cette tendance ne semble pas près de s’atténuer, note le SPI. L’augmentation du nombre de personnes sans confession ne peut pas s’expliquer par les seules sorties d’Eglise, elle vient également du fait que de moins en moins d’enfants sont baptisés et que la proportion de migrants en provenance des pays de l’Union européenne et de l’AELE se déclarant sans confession a fortement augmenté.
L’augmentation des personnes n’appartenant à aucune communauté religieuse est passablement différente selon les cantons. Les cantons de Bâle»«Ville (45,5%), Neuchâtel (40,1%) et Genève (37,5%) en présentent les proportions les plus élevées, alors que leur part se situe entre 6,4% et 14,2% dans les cantons de Suisse centrale, du Valais, du Jura et d’Appenzell Rhodes»«Intérieures.
Les dernières statistiques démontrent en outre que la mixité confessionnelle a progressé dans tous les cantons au cours des dernières décennies. Même dans les cantons traditionnellement catholiques de Suisse centrale, du Tessin, du Valais, de Fribourg et d’Appenzell Rhodes»«Intérieures, la proportion de catholiques dans la population a reculé. La proportion de protestants a connu un déclin particulier en Suisse romande, où ils ne constituent aujourd’hui plus qu’un cinquième de la population.
Les chiffres montrent également que les sorties de l’Eglise catholique romaine ont augmenté entre 2012 et 2014. Les cantons de Bâle»«Ville, Argovie et Soleure connaissent des taux de sortie très élevés.
Le document du SPI indique que les taux suisses sont pratiquement similaires à ceux des pays voisins tels que l’Allemagne ou l’Autriche. Dans les trois pays, une augmentation des sorties est constatée lorsque des cas d’abus sexuels commis par des membres du clergé sont rendus publics.
En Suisse, 4’085 couples ont en outre choisi de procéder à une célébration catholique de leur mariage, en 2014, une baisse de 11% par rapport à 2012. Les données à long terme recueillies par les diocèses de Sion, de Lugano et de St»«Gall montrent un recul de plus de 40% du nombre de mariages catholiques dans ces trois diocèses entre 1997 et 2014. (cath.ch-apic/com/rz)
Raphaël Zbinden
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