Après un temps de repentance pour les blessures infligées à la Terre, les participants se sont engagés pour un monde meilleur et plus équitable, en soutenant les «Objectifs de développement durable» (ODD) adoptés par l’ONU en septembre dernier.
Outre les responsables des Eglises catholique romaine et évangélique réformée du canton de Vaud, l’Eglise orthodoxe, le Réseau évangélique suisse et l’Eglise catholique chrétienne étaient représentés aux côtés de 48 ONG chrétiennes de sensibilités diverses engagées dans la coopération au développement.
Ils ont célébré ensemble les quinze ans des «Objectifs du millénaire pour le développement» (OMD), lancés en l’an 2000. Même si de graves insuffisances demeurent, les ODM ont permis notamment la réduction de moitié du nombre d’enfants non scolarisés et en âge d’aller à l’école, la diminution de plus de la moitié de l’extrême pauvreté, qui est passée de 1,9 milliard de personnes en 1990 à 836 millions en 2015. Désormais, selon l’ONU, les dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) devraient mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, tout en préservant la planète.
Evoquant en introduction ces ODD, la pasteure Martina Schmidt, présidente de la célébration du 6 décembre, a déclaré que «la mission qui nous incombe est plus urgente que jamais». Elle a rappelé que «selon notre empreinte écologique, nous vivons aujourd’hui en Suisse comme si nous avions 2,6 terres à consommer».
Mentionnant la conférence de Paris sur le climat, la COP21 qui se tient actuellement dans la capitale française, la secrétaire romande de l’œuvre d’entraide «Pain pour le prochain» (PPP) a souligné que la réussite de cette conférence était cruciale pour les populations pauvres des pays du Sud, notamment les familles de paysans et de pêcheurs.
«C’est une exigence éthique majeure, et les ONG proches des Eglises ont dans ce domaine un rôle important à jouer». Face à un certain pessimisme ambiant, a-t-elle ajouté, «il faut cultiver une dynamique de l’espérance!», avant de souhaiter que les prières de l’assemblée parviennent jusqu’à Paris «afin que l’on rende justice à l’ensemble de la Création».
Dans sa prédication, la théologienne congolaise Fanny Ukety, surnommée «la championne du microcrédit», a rappelé la responsabilité des pays du Nord envers les pays du Sud. Grâce à son association CEMADEF, basée en République démocratique du Congo, «de nombreux enfants mangent à leur faim, étudient et bénéficient de soins de santé». Elle a estimé que si les pays du Sud sont reconnaissants pour l’engagement des pays du Nord, ces derniers ont trop longtemps travaillé «pour» et non pas «avec», affirmant «qu’il est temps que le Sud soit enfin considéré comme partenaire».
Pour cette mère de famille habitant le canton de Genève, membre de l’Eglise évangélique de Meyrin, appartenant de la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE), «la terre est la résidence commune à tous les êtres humains et à toutes les autres créatures».
Et face à la surexploitation des ressources naturelles et à la mauvaise gestion de la planète, «il est encore temps de réagir». Si la terre est notre entreprise commune à tous, a-t-elle ajouté, les chrétiens, suivant le message du Christ, devraient être en tête de ce combat, ne pas se contenter de soigner les conséquences du mal, mais s’en prendre aux causes!
Venu tout exprès de la Berne fédérale saluer l’engagement des Eglises pour le développement durable, Manuel Sager, chef de la Direction du développement et de la coopération (DDC), a souligné que les Objectifs de développement durable (ODD) ne visent rien de moins que de transformer notre monde. Ils veulent contribuer à «un monde à visage humain où tous peuvent vivre dans la dignité, en ne laissant personne sur le bord du chemin».
Le diplomate, fils d’un pasteur argovien, a relevé les dimensions spirituelles de la durabilité et la responsabilité envers la Création que l’on trouve dans les diverses religions, pas seulement dans le christianisme, mais également par exemple dans le Coran ou dans le bouddhisme. «Toutes soulignent le rôle qui nous incombe en tant que gardiens de la Création». Pour mettre en œuvre les ODD, qui imposent un changement de paradigmes, le chef de la DDC mise sur un partenariat accru entre le monde scientifique, le secteur privé, le secteur public et la société civile, dont font partie des Eglises et leurs ONG, «des acteurs pertinents dans la coopération internationale».
La soirée, rythmée par les chants de la chorale luthérienne malgache de Genève Miharisoa Andrianantenaina, s’est conclue par le nouage de bouts de raphia distribués aux participants pour illustrer la volonté des organisations chrétiennes de «tirer à la même corde» pour l’entraide et le développement. Les représentants des diverses ONG présentes ont également versé un peu de terre de leur région au pied d’un grand olivier qui sera planté dans le jardin de la «Maison du dialogue» de l’Arzilier, à Lausanne.
Au sortir de la cathédrale, les participants ont été invités à signer deux initiatives populaires fédérales, celle intitulée «Souveraineté alimentaire – pour une agriculture tournée vers l’avenir», et «L’initiative pour des multinationales responsables: protégeons les droits humains et l’environnement». Le résultat de la collecte effectuée durant la cérémonie a été versé pour une moitié pour financer les activités de la CECCV et pour l’autre en faveur du syndicat paysan «Uniterre», qui s’engage pour une agriculture familiale durable et est membre de la Via Campesina, qui regroupe plus de 250 millions de paysans dans le monde. (cath.ch-apic/be)
Jacques Berset
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