Le discours de la président brésilienne Dilma Rousseff à la COP21, la conférence mondiale de Paris sur le climat, est très critiqué par les organisations environnementales brésiliennes, et en particulier sa tentative d’occulter les conséquences dramatiques de la catastrophe de Mariana. La CNBB a dénoncé, dans une note publiée le 27 novembre, «les conséquences incalculables du désastre écologique» et ont fermement convié les politiques à adopter une réglementation plus sévère pour encadrer l’activité minière.
Cette prise de position intervient alors qu’aucun éclaircissement n’a été donné par l’entreprise ou l’Etat sur la réelle toxicité des plus de 50 millions de m3 de boue, soit l’équivalent de 25’000 piscines olympiques, qui se sont déversés après la rupture d’un barrage minier, le 5 novembre, faisant 7 morts et 12 disparus. Le torrent de boue s’est déversé le long des vallées jusqu’au fleuve Rio Doce, l’un des plus importants cours d’eau du Brésil. Le dimanche 22 novembre, il a fini par atteindre le littoral de l’Etat de l’Espirito Santo, s’avançant depuis sur plus d’une dizaine de kilomètres vers le large.
La réaction des responsables de la CNBB n’est certes pas nouvelle. Mais le ton a changé, se faisant désormais plus ferme et plus pressant à l’égard des responsables politiques. «Les vies de travailleurs et des habitants ont été anéanties par la boue, tout comme la faune et la flore, souligne le communiqué. Cette destruction massive exige de mener une profonde réflexion autour du thème du développement en cours dans notre pays».
Le communiqué rappelle à ce titre que l’activité minière au Brésil manque d’un cadre légal qui permette d’empêcher que des profits exorbitants ne soient réalisés au dépens du sacrifice des êtres humains et de la détérioration de l’environnement, avec pour conséquence la destruction de la biodiversité. Pour les responsables de la CNBB, les conséquences du désastre écologique sont incalculables et les dommages ne seront réparables qu’à très long terme dans tout le bassin du fleuve Rio Doce. «C’est un devoir moral de l’Etat de veiller à ce que l’activité minière soit exercée dans le cadre de la loi. Une loi qui doit être renforcée», ont martelé les évêques.
D’où l’appel adressé aux parlementaires sur la nécessité d’une responsabilité éthique pour réviser le Code minier, afin qu’il réponde aux exigences d’une activité d’extraction prenant en compte la préservation de la vie dans toutes ses dimensions. «Le législateur ne peut en aucun cas se soumettre au pouvoir économique des compagnies minières. La vie, le travail, l’histoire et les rêves qui ont été détruits sont là pour témoigner de ce qui ne doit jamais plus arriver», ont lancé les prélats brésiliens. (cath.ch-apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
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