Un colloque sur les «protagonistes» de Vatican II

Une «rupture» qui a créé de la «confusion» dans l’Eglise ou une réforme «dans la continuité»: comment interpréter avec justesse le Concile Vatican II? C’est à cette question que se propose de répondre le Comité pontifical des sciences historiques, lors d’un colloque organisé au Vatican du 9 au 11 décembre 2015, cinquante ans après la clôture du concile. A travers de nombreuses archives, ce colloque choisit de s’intéresser aux «protagonistes» de Vatican II, tout en tenant compte également de l’influence de la «minorité active», au sein des pères conciliaires, menée par Mgr Marcel Lefebvre.

En 2005, Benoît XVI, dans un discours à la curie romaine resté célèbre, expliquait qu’il y avait deux interprétations du concile: celle, erronée, de la «discontinuité et de la rupture», ayant «causé de la confusion» dans l’histoire de l’Eglise, et celle, plus juste, de «la réforme, du renouvellement dans la continuité», qui au contraire a «porté des fruits». Comment réconcilier ces deux lectures opposées? C’est le défi qu’a souhaité relever le Comité pontifical des sciences historiques avec ce colloque: «il ne s’agit pas d’écrire une ›contre-histoire’ du Concile Vatican II, mais plus de reprendre l’enquête historique (…) et sans a priori idéologique (…) pour arriver à une compréhension plus équilibrée», explique le Père Bernard Ardura, président du Comité pontifical des sciences historiques.

Pour y arriver, ce colloque a choisi de s’intéresser aux protagonistes du Concile Vatican II (1962-1965), à savoir les évêques, et leurs différentes opinions échangées, à l’époque, sur la réponse que devait donner l’Eglise face aux changements de société. Ainsi, les conférenciers mettront en avant les «divers réseaux d’opinion qui eurent un rôle important dans la formation des convictions de nombreux pères conciliaires, tant au niveau des conférences épiscopales qu’au niveau des communautés de pensées», poursuit le Père Ardura.

L’influence d’une minorité active

Mais le colloque entend aussi souligner l’influence jouée par une «minorité active» au sein des pères conciliaires, à savoir, parmi d’autres, le Coetus Internationalis Patrum, principal groupe d’opposants au sein du concile, mené par Mgr Marcel Lefebvre. Un groupe farouchement opposé, en particulier, à la déclaration conciliaire de Vatican II sur la liberté religieuse, Dignitatis Humanae, mais aussi à celle sur les relations entre l’Eglise catholique et les autres religions, Nostra Aetate.  L’évêque français fonda par la suite la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), une communauté traditionnaliste.

Bien que minoritaires, ces protagonistes ont pourtant influencé le contenu de certains textes conciliaires, rappelle le président du Comité pontifical des sciences historiques: «Dei Verbum (Constitution dogmatique sur la Révélation divine, ndlr) par exemple, explique que l’unique source de la Révélation est l’Ecriture, mais lue dans la Tradition de l’Eglise. On voit que l’opposition (attachée à la tradition, ndlr) – a été prise en compte pour approuver ce texte. Chaque document devait être approuvé à la majorité des deux tiers».

Pour respecter les orientations du pape Jean XXIII au début du Concile Vatican II, qui invitait à la promotion de l’unité des chrétiens, un évêque orthodoxe ukrainien, un évêque orthodoxe russe, et un archevêque anglican ont aussi été invités à participer au colloque. De même, en écho aux invitations du pape François à faire collaborer, dans le milieu de la recherche, toutes les religions, un message du grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, sera lu lors de la session conclusive, le 11 décembre. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)

Raphaël Zbinden

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