Le 5 novembre dernier, à Mariana, une ville de l’état de Minas Gerais, dans le sud-est du Brésil, un barrage minier a cédé, faisant 7 morts et 12 disparus. Considéré comme la catastrophe environnementale la plus grave de l’histoire du Brésil, l’accident a libéré un torrent de boue de plus de 50 millions de m3 qui a ensuite parcouru plusieurs dizaines de kilomètres avant d’atteindre la mer ce dimanche 22 novembre. Depuis la catastrophe, les débats polémiques, y compris hors du Brésil, se multiplient pour que les entreprises responsables de ce désastre écologique soient sévèrement punies.
«Nous ne pouvons pas permettre que la catastrophe de Mariana soit classée comme un simple accident environnemental ou qu’elle soit résolue simplement à travers un accord économique qui allège la responsabilité des entreprises Vela S.A. et BHP Billiton», ont ainsi affirmé les porte-parole du Réseau œcuménique latino américain «Église et Industrie Minière» (I y M), regroupant plus de 70 entités de la société civile du continent, réuni en assemblée du 12 au 14 novembre dernier à Bogota, en Colombie. «Nous ne pouvons pas non plus accepter qu’un accident si grave soit simplement considéré comme une opportunité d’apprendre à éviter de nouveaux désastres dans le futur».
Dans le communiqué divulgué à la presse, le Réseau «Église et Industrie Minière» dénoncent d’ailleurs clairement la responsabilité des entreprises. «Les coûts moraux et matériels liés aux dommages environnementaux sont extrêmement importants et sont la conséquence directe des efforts des entreprises pour réduire leurs charges, quitte à sacrifier la sécurité, la qualité de vie des travailleurs et le respect des populations affectées par ces opérations». Et de mettre en garde les pouvoirs publics: «Le danger est que la majeure partie des coûts de cette catastrophe soit, une fois de plus, assumée par les finances publiques, et donc en fin de compte, par le porte-monnaie des contribuables».
Le Réseau «Église et Industrie Minière» a également tenu à rappeler qu’en juillet dernier, le Pape François avait adressé un message à l’attention des victimes de l’industrie minière dans lequel il demandait à ce l’on «écoute le cri des toutes ces personnes, ces familles et ces communautés qui souffrent directement ou indirectement des conséquences souvent négatives de l’activité minière. Un cri pour les terres perdues; un cri pour l’extraction des richesses du sol qui, paradoxalement, ne produisent aucune richesse pour les populations locales qui demeurent pauvres; un cri de douleur en réaction aux violences, aux menaces et à la corruption; un cri d’indignation et d’aide pour les violations des droits humains (…) du non respect des conditions de travail dignes (…); un cri de tristesse et d’impuissance face à la pollution, de l’air et de la terre».
S’associant à l’appel de la Conférence des Évêques du Brésil (CNBB), «pour une rigoureuse reconnaissance des responsabilités et pour les changements nécessaires du code minier», le Réseau «Église et Industrie Minière», a assuré que «le débat indispensable pour l’élaboration d’un nouveau code minier devait intégrer les propositions des communautés locales, des églises, des groupes de recherche scientifique, des organisations syndicales, des mouvements sociaux et autres entités de la société civile pour intégrer les notions de respect des droits humains, de la vie et des territoires. Car il en va de la vie des présentes et futures générations». (apic/jcg/pp)
Pierre Pistoletti
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