Les commémorations ont débuté avec une procession aux bougies accompagnées de cantiques dans les rues voisines de l’Université Centro Américaine José Simeón Cañas (UCA), située à l’ouest de la capitale, où les prêtres jésuites ont été assassinés en 1989. «Nous avons tous été marqués par ces hommes tant pendant leur vie que par leur mort. Nous souhaitons poursuivre leur exemple!», s’est exclamé le Père Andreu Oliva, recteur de l’Université Centro Américaine et qui a présidé la messe célébrée dans le Campus universitaire.
Dans la nuit du 16 novembre 1989, dans le cadre d’une offensive militaire à San Salvador, des membres du bataillon militaire Atlacatl ont assassiné, sur le campus de l’UCA, le prêtre hispano-salvadorien Ignacio Ellacuria, Recteur de cette maison d’études et éminent défenseur de la Théologie de la Libération. Cette même nuit d’autres prêtres ont été tués : les espagnols Ignacio Martín Baró, le vice-recteur de l’époque, Segundo Montes, Amando López et Juan Ramón Moreno, le prêtre salvadorien Joaquín López et l’employée domestique Elba Ramos et sa fille Celina.
Le 27 septembre 1991, un jury avait déclaré coupables des crimes des six prêtres Guillermo Benavides, directeur, à l’époque, de l’École Militaire de San Salvador, ainsi que le lieutenant Yusshy René Mendoza. Ce même jury avait en revanche disculpé sept autres militaires dont la participation à ces meurtres était pourtant avérée. Guillermo Benavides et Yusshy René Mendoza ont, quant à eux, été libérés deux ans plus tard, bénéficiant d’une d’amnistie décrétée en 1993, après la fin de la guerre civile.
Vingt-cinq plus tard, la situation n’a pourtant guère changé au Salvador. «Les injustices dénoncées par les personnes assassinées continuent d’être présentes», a d’ailleurs assuré le Père Andreu Oliva, lors de la cérémonie. Le pays vit aujourd’hui, comme hier, une situation d’inégalités, de grande précarité qui touche une grande partie de la population. 40% des salvadoriens ont un emploi. Seulement la moitié d’entre eux occupe un emploi décent».
«Nous vivons une situation de nouvelle violence», assure Juan Hernandez Pico, théologien salvadorien et ami de la plupart des religieux assassinés. «Une situation où le narcotrafic engendre une violence terrible, à laquelle il faut ajouter la violence des gangs, des jeunes complètement déchirés à cause de situations familiales très dures. Il est très rare que les enfants grandissent auprès de leurs pères et où les familles sont monoparentales dans des quartiers inhabitables», assure le théologien. (apic/jcg/bh)
Bernard Hallet
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