C’est un sombre tableau de l’Eglise en Allemagne que dresse le pape dans ce message, évoquant une baisse très forte de la participation à la messe dominicale, des catholiques toujours moins nombreux à recevoir le sacrement de la confirmation ou à se marier. Il cite aussi le sacrement de pénitence qui a souvent disparu, ou encore le nombre de vocations au ministère sacerdotal et à la vie consacrée qui a nettement diminué. «On peut vraiment parler d’une érosion de la foi catholique en Allemagne», déplore-t-il.
«Il faut dépasser la résignation qui paralyse et la tentation de vouloir reconstruire sur les ruines du ‘bon vieux temps’ passé», insiste le pape. Il met aussi en garde contre la tentation de créer des structures toujours nouvelles finalement inefficaces, ou encore contre une centralisation excessive qui complique la vie de l’Eglise au lieu de la rendre missionnaire. «L’Eglise, explique le pape, n’est pas un système fermé qui tourne toujours autour des mêmes questions et des mêmes interrogations, elle est vivante et ne possède pas un visage rigide».
L’impératif actuel, c’est la conversion pastorale, assure le pape François. «Nous devons être au milieu des gens avec l’ardeur de ceux qui ont accueilli en premier l’Evangile», soutient le chef de l’Eglise catholique, en référence aux premiers chrétiens. «Ainsi, explique-t-il, on peut ouvrir de nouvelles voies et de nouvelles formes de catéchèse pour aider les jeunes et les familles à redécouvrir de façon authentique et joyeuse la foi commune de l’Eglise».
Au fil de son message aux évêques d’Allemagne, traversés par des positions progressistes, le pape François insiste également sur la nécessité de veiller au profil catholique des institutions ecclésiales dans le domaine de l’action sociale ou caritative, ou encore dans l’enseignement. Il fustige aussi les plans pastoraux voués à l’échec s’ils négligent l’aspect sacramentel du rôle des prêtres. «Sans prêtres, il n’y a pas d’eucharistie», confie notamment le pape aux pasteurs d’une Eglise qui s’appuie fortement sur les laïcs.
Le pape François, enfin, assure que l’une des tâches de l’évêque, «qui n’est jamais assez estimée», est l’engagement pour la vie. «L’Eglise ne doit avoir de cesse d’être l’avocate de la vie, écrit le pape, et ne doit pas renoncer à annoncer que la vie humaine doit être protégée sans condition, depuis le moment de la conception jusqu’à la mort naturelle». «Dans ce domaine, insiste le chef de l’Eglise catholique, nous ne pouvons jamais faire de compromis, sans devenir nous aussi les complices de la culture du déchet, malheureusement largement répandue».
A la fin des années 1990, la question de l’avortement avait été au cœur d’un bras de fer entre Rome et l’Eglise allemande. L’accueil des femmes désirant avorter avait en effet été pris en charge par des centres explicitement catholiques, jusqu’à ce que l’épiscopat accepte de se retirer de ces centres. (apic/imedia/ami/bh)
Bernard Hallet
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