«Nous devons essayer de nous entraîner mutuellement sur ce chemin», affirme Mgr Werlen dans l’interview relayée par l’agence de presse catholique autrichienne Kathpress. «Ce n’est pas que nous devons tous avoir la même opinion, mais nous ne pouvons pas accepter que l’Eglise donne vers l’extérieur l’image d’une institution qui ne veut plus rien changer». Pour le religieux bénédictin, une telle stagnation «n’est pas chrétienne, n’est pas catholique». Il déplore que, trop souvent dans l’Eglise, les traditions soient confondues avec «la tradition». Il estime que cela a également été le cas à Rome, lors du synode sur la famille. Malgré, cela, l’ancien Père Abbé considère le bilan global du synode comme positif.
Par «la tradition», Mgr Werlen entend «la fidélité au Christ». Les traditions, elles, sont des expressions de l’esprit du temps. Dans le cas où elles donnent un sentiment de sécurité et d’appartenance, elles ont leur justification. «Mais lorsque les traditions issues de l’esprit du temps font obstacle à la tradition de transmission de notre foi, nous avons le devoir de les abandonner», assène le religieux. Fréquemment, pour ce qui est compris de nos jours comme «la tradition», il s’agit en fait «des traditions», souligne-t-il.
Mgr Werlen trouve dérangeant que l’esprit du temps des siècles passés soit défendu, pour ne pas avoir à répondre à l’esprit du temps actuel. C’est une vision des choses qui apparaît clairement dans les forums internet d’esprit conservateur. Pour le bénédictin, cet attachement actuel aux traditions est «dévastateur». Il déplore que les traditionnalistes échangent «la tradition» contre les traditions. «Et ce sont ces mêmes personnes qui prient: ‘Seigneur. Donne-nous un esprit nouveau, afin que tout soit renouvelé’. Ils ne réalisent pas qu’ils se contredisent eux-mêmes», affirme l’ancien Père Abbé.
Mgr Werlen sera le principal intervenant à la Journée de la vie consacrée des communautés d’Autriche, le 24 novembre, à Vienne. Il souligne ainsi que «la question de la différence entre les traditions et ‘la tradition’ concerne également les communautés de vie consacrée. Elles aussi doivent être capables d’abandonner les traditions qui font obstacle à ‘la tradition’.» Il ajoute une opinion qui vaut pour les congrégations aussi bien que pour l’Eglise dans son ensemble: «Ce n’est pas à notre cause, ni à celle de nos chères traditions que nous devons essayer de gagner les gens, mais seulement à celle du Christ.» (apic/kath/kap)
Raphaël Zbinden
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