Centre suisse islam et société: le public a posé les questions qui fâchent

Fribourg, 19.11.2015 (cath.ch-apic) Voile, cours de natation, violence dans l’islam… Le public n’a pas hésité à poser des questions qui fâchent, le 18 novembre 2015 à l’Université de Fribourg, lors d’une table ronde marquant le début du congrès «Entre mosquée, société et université». L’événement a été l’occasion, pour le Centre suisse islam et société (CSIS), d’un premier contact avec le public.

Le port du voile, les cours de natation, le rôle des femmes, la violence évoquée dans le Coran, le prophète Mahomet comme seigneur de guerre… Beaucoup de thématiques problématiques de l’islam ont été relevées par le public, dans un contexte marqué par les attentats à Paris. Le débat a été une manière pour les organisateurs de prendre la température de l’opinion publique et d’informer en quoi le CSIS peut répondre à certaines de ces questions sensibles.

Le CSIS ne forme pas d’imams

Pour ouvrir le débat, «est-ce que le CSIS est, oui ou non, destiné à la formation d’imams?», a lancé Serge Gumy, rédacteur en chef du quotidien romand «La Liberté» et modérateur de la soirée. «Non, le CSIS est ouvert à tout un chacun. Mais nous n’allons pas refuser les imams qui souhaitent se former chez nous», a clarifié Serdar Kurnaz, co-directeur du Centre, un des quatre intervenants de la table ronde. Ce dernier a précisé que le Centre était une plateforme pour mettre en dialogue les canons de l’islam avec les valeurs de la société suisse.

Les jeunes radicalisés ne fréquentent pas les mosquées

Autre invité, Reinhard Schulze, professeur d’islamologie à l’Université de Berne, a rappelé que l’Université dépendait de l’Etat et qu’elle devait, à cet égard, être représentative de tous les citoyens. «Créer ce Centre, c’est prendre en compte les 4% que représentent les musulmans en Suisse. Si l’institution ne le faisait pas, ce serait comme si elle ignorait une partie de sa population», prévient-il. Egalement présent, l’imam de Lugano, Samir Radouan Jelassi, a attesté que les jeunes sujets à la radicalisation et à l’extrémisme ne fréquentaient pas les mosquées. Il attend donc que le CSIS soit capable de toucher ces jeunes. Enfin, Lilo Roost Vischer, coordinatrice pour les questions religieuses au département Diversité et intégration de l’Etat de Bâle, a relevé le manque de connaissances des religions en Suisse. Elle souhaite que le CSIS forme des personnes capables d’enseigner ce savoir dans les écoles.

Une auto-interprétation islamique

Les quatre intervenants de la table ronde, bien que leur rapport à l’islam diffère, ont expliqué de manière unanime que toute société a besoin d’institutions académiques pour permettre une analyse critique des religions. En Suisse, c’est déjà le cas pour le christianisme. Il faudrait qu’il en soit de même pour l’islam. Cette analyse critique, le CSIS la définit par une «auto-interprétation islamique», qui est le cœur de sa mission. En outre, les recherches académiques permettront aux musulmans de Suisse d’avoir un regard critique sur leur propre religion.

Les attentats ne remettent pas en cause le CSIS

Du côté de l’Université de Fribourg, la rectrice Astrid Epiney a rappelé l’importance du CSIS. Après plusieurs années de travail, elle se réjouit que le Centre soit au terme de son processus d’élaboration. «Plus il y a d’amalgame entre islam et terrorisme, plus le CSIS a sa place», répond-elle à ceux qui pensent que les récents attentats pourraient remettre en question un tel centre au sein de l’Université. (apic/gr)

Grégory Roth

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