Le pape François, en visitant l’église évangélique luthérienne de Rome dans une ambiance très chaleureuse, a accompli la nême démarche effectuée par Jean Paul II, en 1983, et Benoît XVI, en 2010.
Répondant à plusieurs questions, le pape François a également confié qu’il lui plaisait d’être pape à la manière d’un «curé» de paroisse.
Dans la paroisse évangélique luthérienne de Rome, le pape a été accueilli par de nombreux fidèles luthériens et un discours d’accueil du pasteur Jens-Martin Kruse, dans une cérémonie sobre. Après la lecture de l’Evangile, délaissant son texte préparé, il a entièrement improvisé son homélie.
«Mais nous, luthériens et catholiques, s’est-il exclamé, il y a eu des temps durs entre nous, non ?». «Je pense aux persécutions entre nous qui avons le même baptême», a-t-il poursuivi, avant d’inviter à se «demander pardon pour le scandale de la division».
«Car tous, luthériens et catholiques, nous sommes ce choix, pas un autre: le choix du service, d’être le serviteur du Seigneur», a-t-il insisté. Et d’inviter à être des «serviteurs de l’unité», à «cheminer ensemble, travailler ensemble pour les pauvres». Bien que les dogmes luthériens et catholiques soient «différents», l’heure de la «différence réconciliatrice» est arrivée, a conclu le pape.
Au début de la rencontre, le pape François a été invité à répondre librement à trois questions de la part de fidèles luthériens. Répondant à la question d’une femme engagée auprès des réfugiés, le pape a déploré que «l’égoïsme humain» veuille «se défendre, défendre son propre pouvoir». «Au fond, les murs sont comme un suicide, ils te ferment», a-t-il repris.
«C’est une mauvaise chose d’avoir le cœur fermé, et nous le voyons aujourd’hui, le drame», a-t-il ajouté en référence aux attentats de Paris: «Le nom de Dieu aussi est utilisé pour fermer le cœur». Alors, a-t-il conseillé, il faut «parler clair, prier parce que la prière est forte, et servir».
Une autre question, déroutante de simplicité, a été posée par un petit garçon: «Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait d’être pape ?». Après avoir ri de bon cœur, le pontife a expliqué qu’il aimait «faire le pape avec le style du curé, du service», en allant visiter des malades, parler avec des personnes «désespérées», et surtout en allant visiter des prisons.
«A chaque fois, je me demande: ›pourquoi eux, et moi, non ?’ Je sens alors le salut de Jésus Christ, a-t-il confié. C’est lui qui m’a sauvé, je ne suis pas moins pêcheur qu’eux». «Si un pape ne fait pas l’évêque ou le curé, le pasteur, il sera certainement très intelligent, important, il aura beaucoup d’influence dans la société, a-t-il poursuivi. Mais je pense… que dans son cœur, il n’est pas heureux».
Une autre femme issue de la communauté évangélique luthérienne, mariée à un catholique, lui a demandé ce qu’elle pouvait faire pour pouvoir communier avec son époux. Visiblement gêné par cette question, le pape a d’abord répondu par une boutade suscitant les rires de l’assemblée: «Il m’est très difficile de répondre, surtout devant un théologien comme le cardinal Kasper (présent à la rencontre, ndlr), j’ai peur !».
«N’avons-nous pas le même baptême ?, s’est-t-il ensuite interrogé. Et si nous avons le même baptême, nous devons cheminer ensemble». «C’est une question à laquelle chacun doit répondre personnellement, en étant sincère avec lui-même, a-t-il ensuite assuré. «La vie est plus grande que les explications et interprétations» sur le sens à donner à la communion eucharistique, a-t-il ajouté.
Le chef de l’Eglise catholique a cependant refusé de donner une réponse qui tranche: «Je ne peux vous donner le permis de faire cela, ce n’est pas ma compétence. Mais nous avons un baptême, un Seigneur, une foi. Parlez avec le Seigneur et avancez. Je ne saurais dire plus». A l’issue de la rencontre, le pape a reçu en cadeau une couronne de l’Avent. Il a pour sa part fait un cadeau très symbolique à la communauté évangélique luthérienne de Rome: un calice. (apic/imedia/bl/be)
Jacques Berset
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