«Nous avons fait savoir aux services de sécurité du pape qu’il s’agissait d’une visite à hauts-risques», confiait-on le 10 novembre dans l’entourage du ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian, en marge du deuxième Forum pour la sécurité en Afrique, à Dakar, la capitale du Sénégal.
Le déplacement est prévu à quelques semaines d’élections à hauts-risques, dans ce pays déchiré depuis deux ans par des violences entre les milices musulmanes de l’ex-Séléka au pouvoir et les anti-Balaka à majorité chrétienne. La crainte est grande que les deux camps ne s’échauffent à cette occasion. A Bangui, les autorités, conduites par Catherine Samba Panza, chef de l’Etat de transition, ont le plus grand mal à rétablir le calme dans le pays avec l’aide des 9’000 casques bleus de la force des Nations unies (Minusca) et des 900 soldats français de l’opération Sangaris. En outre, la visite pontificale devrait attirer des centaines de milliers de croyants venus des pays voisins. Une arrivée en masse qui pourrait déstabiliser encore davantage le pays.
L’entourage de Jean-Yves Le Drian a clairement fait savoir qu’il n’y aurait aucun renfort français pour la sécurité du pape. La force Sangaris, dont l’action est concentrée sur la capitale, a la mission de sécuriser l’aéroport et de permettre l’évacuation en cas de crise. «On ne pourra faire plus», préviennent les officiels français.
Le pape tient à être présent à Bangui. C’est un homme déterminé, note «Le Monde». Dix jours avant le début officiel de l’Année sainte de la miséricorde, le 8 décembre, il veut ouvrir une «porte sainte» dans la cathédrale Notre-Dame de la capitale centrafricaine. Ce serait la première fois qu’un jubilé ne serait pas lancé par l’ouverture de la «porte sainte» de Saint-Pierre de Rome. Ce serait le signe, a déclaré le pape le 1er novembre, de «la proximité (…) de toute l’Eglise envers cette nation si affligée et tourmentée».
Pour l’heure, d’après les informations en provenance du Vatican, le pontife n’a pas changé d’avis, assure le quotidien français. Du côté de la défense française, on évoque plusieurs hypothèses, sans cacher que la dernière est privilégiée: soit le pape François effectue ses deux demi-journées comme il l’a envisagé dans la capitale centrafricaine, soit il limite sa présence à quelques heures, soit il accepte d’annuler. (apic/lm/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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