Après les témoignages d’une catéchumène, d’un couple de divorcés-remariés et d’un migrant albanais devenu prêtre, le pape, primat d’Italie, a invité l’Eglise de la Péninsule à vivre la pauvreté évangélique, l’inclusion sociale des pauvres, ainsi que la rencontre et le dialogue pour favoriser l’amitié sociale dans le pays. «Que Dieu protège l’Eglise italienne de tout succédané de pouvoir, d’image, d’argent», a-t-il lancé. «Nous ne devons pas être obsédés par le pouvoir, a insisté le pape, même s’il prend le visage d’un pouvoir utile et fonctionnel». Le pape a également souhaité une Eglise italienne «libre et ouverte aux défis du présent, jamais sur la défensive, de craindre de perdre quelque chose».
Sous la fresque de la coupole représentant le Jugement dernier centré sur l’Ecce Homo, le pape a assuré que l’humanisme chrétien ne pouvait se comprendre qu’à travers l’abaissement de Dieu. A partir de ce préalable, le croyant est appelé à développer trois sentiments, a poursuivi le pontife: tout d’abord, l’humilité, qui exclut «l’obsession de préserver sa propre gloire», mais encourage à rechercher «la gloire de Dieu». Deuxième sentiment évoqué par le pape: ne pas chercher son propre intérêt mais «le bonheur de celui qui est à côté de nous». Enfin, troisième sentiment: la béatitude, car «le chrétien est un bienheureux, il a en lui la joie de l’Evangile».
Le pontife argentin a également mis en garde contre la tentation de s’enfermer dans le conservatisme et le fondamentalisme, de se réfugier dans les structures, les organisations, les planifications, en adoptant «un style de contrôle, de dureté». Au contraire, il a encouragé les chrétiens à avoir «l’esprit des grands explorateurs», sans crainte de naviguer dans les tempêtes et au-delà des frontières. La seconde tentation, a-t-il ajouté, est celle de la recherche d’un raisonnement logique et clair, qui «perd la tendresse de la chair du frère».
Exhortant l’Eglise à «un humanisme chrétien populaire, humble, généreux, joyeux», le pape François a donné l’exemple des grands saints italiens, mais aussi celui de la simplicité de personnages inventés, comme le curé de campagne don Camillo et sa relation avec le maire communiste Peppone, personnages des romans de Giovannino Guareschi. Le pape s’est dit touché par les paroles du curé de Brescello: «Je suis un pauvre prêtre de campagne qui connaît ses paroissiens un par un, qui en connaît les souffrances et les joies, qui souffre et sait rire avec eux». «Si nous perdons ce contact avec le peuple fidèle de Dieu nous perdons en humanité», a averti le pontife avant de sortir de son texte pour exhorter les évêques à être «des pasteurs, rien de plus».
Dans ce long discours de près d’une heure, très applaudi, le chef de l’Eglise catholique a précisé que dialoguer ne signifiait pas négocier, mais «chercher le bien commun pour tous», sans craindre ni ignorer le conflit. Se tournant aussi vers les jeunes, le pape leur a adressé un appel à «dépasser l’apathie». «Apprenez à être des modèles en paroles et en actes», a-t-il encouragé, à «être bâtisseurs de l’Italie. Ne regardez pas la vie depuis le balcon, mais impliquez-vous, immergez-vous dans le dialogue social et politique».
Le primat d’Italie a enfin souhaité «une Eglise italienne inquiète, toujours plus proche des abandonnés, des oubliés, des imparfaits», une Eglise joyeuse, qui «comprend, accompagne, caresse». L’humanisme chrétien, a-t-il affirmé, une Eglise qui fournit «des raisons pour la gaieté et l’humour, même au milieu d’une vie très dure». Saluant en conclusion une Eglise «adulte, très ancienne dans la foi, solide dans ses racines et large dans ses fruits», le pape a encouragé: «Croyez au génie du christianisme italien, qui n’est pas le patrimoine des individus ni d’une élite, mais de la communauté, du peuple de ce pays extraordinaire». (apic/imedia/ak/rz)
Raphaël Zbinden
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