Le Sénégal vers une grande alliance des religions pour la paix?

Dakar, 08.11.2015 (cath.ch-apic) Abdoul Aziz Kébé, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar et islamologue émérite du Sénégal, souhaite la création d’une grande alliance des religions pour la paix et contre le radicalisme religieux dans son pays.

Dans une interview accordée au quotidian sénégalais Sud Quotidien, Abdoul Aziz Kébé a souligné que cette alliance doit se faire non seulement entre religions, mais aussi entre les religieux, les décideurs politiques et les médias. Elle sera une sorte de «sainte alliance» autour de la paix, pour que la devise nationale «’Un peuple, un but, une foi’ ne se résume pas à de simples mots, mais qu’elle soit un vécu compris et un sacerdoce que chacun doit préserver».

Il se prononçait sur l’arrestation d’imams et de prêcheurs soupçonnés de liens avec les groupes radicaux musulmans, tels que Boko Haram, au Nigeria, et Daesh. «Nous sommes, au Sénégal, dans un pays de tolérance, un pays d’un Islam ouvert et pluriel, mais aussi dans un environnement mondial traversé par le radicalisme islamique. Ce qui ne justifiera jamais l’utilisation de la violence au nom de la religion», a-t-il rappelé.

L’imam, une «institution» de l’islam

Selon lui, l’imam est une «institution» de l’Islam, comme le président de la République l’est pour l’Etat. Le principe de la légalité traverse toutes les institutions. Même le gouvernement et le président de la République sont tenus de respecter la loi. L’autorité religieuse est également soumise au respect des lois et des règlements. Si l’autorité religieuse qu’est l’imam viole les règlements, elle doit être «éveillée, conscientisée sur les actes qu’elle a commis». Si elle persiste, la loi doit être appliquée pour «réajuster ses actes, les mettre en conformité avec les lois et règlements en vigueur», a souligné Abdoul Aziz Kébé.

Pour le professeur Kébé, avoir ses propres opinions ne doit pas entraîner un imam à les exprimer sur le «minbar» (chaire, ndlr) de la mosquée, là où personne ne peut se lever pour le contredire. Il s’est aussi félicité du rôle que joue les confrèries musulmanes au Sénégal, estimant qu’elles servent de rempart et à violence et au radicalisme religieux. «Même les organisations non confrériques du Sénégal épousent, pour leur grande majorité, l’esprit de tolerance, pacifiste et pluraliste de l’Islam qui est le nôtre», a-t-il conclu. (apic/sq/ibc/bh)

Bernard Hallet

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