L’association, qui a obtenu son agrément du ministère de l’Intérieur avant même son assemblée générale constitutive, vise surtout à faire barrage aux courants intégriste et chiite dans la société sénégalaise.
Introduit au Sénégal vers le 12e siècle, l’islam est la religion dominante dans le pays où il est pratiqué par 95% des quelque 13,5 millions d’habitants. L’islam sénégalais se caractérise par le fait qu’il est en grande partie basé sur des confréries, dirigés par des khalifes généraux, descendants des fondateurs. Les trois grandes familles sont les tidjanes, majoritaires, les mourides, plus puissants sur le plan économique, et les khadr.
La Confrérie des tidjanes a son fief à Tivaouane, au nord de Dakar et compte plusieurs sous-groupes, tels que les niassènes (Kaolack, sud de Dakar), la famille omarienne dont l’arrière-grand-père, le marabout conquérant El Hadj Omar Tall (1797-1864) a amené la confrérie au Sénégal et en Afrique de l’ouest.
Quant à la confrérie des mourides qui a son siège à Touba, au centre-nord du pays, elle a été fondée par le cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927). Celle des khadr, la plus ancienne, est d’origine orientale, puis maghrébine. Elle s’est propagée par ordre chronologique au Sahara, dans l’Adrar, Walata et à Tombouctou, grâce à des messagers, des Oulémas, Cheikhs et commerçants. Sa date de création n’est pas connue, mais elle a pénétré l’Afrique de l’ouest au 12e siècle.
Toutes ces confréries sont fortement attachées au soufisme, un courant mystique et ascétique de l’Islam. Elles jouent le rôle de régulatrices de la société au Sénégal, contribuant, de manière notable, à maintenir la paix et la stabilité du pays.
Selon l’agence de presse sénégalaise (APS), lors du lancement des activités de l’AISS, Cheikh Ahmed Tidjane Biass, l’un de ses membres fondateurs, a déclaré que les familles confrériques du Sénégal ont un rôle à jouer dans un monde où l’Islam est mal vu dans certaines contrées. «Nous voulons contribuer à la stabilité, à la paix et au renforcement de la cohésion nationale par la voie de l’Islam soufi», a-t-il ajouté.
Pour sa part, Mame Cheikh Mbacké Khadim Awa Ba, autre membre fondateur de l’association, a précisé que les khalifs généraux des différentes confréries leur ont donnés l’autorisation de mettre sur pied l’association au service du soufisme. «Elle sera un cadre qui nous permettra de mieux lutter contre l’intégrisme religieux, le terrorisme et tous les mauvais clichés attribués à l’Islam», a-t-il ajouté.
Abdoul Aziz Kébé, célèbre islamogue, et enseignant à l’université cheikh Anta diop de Dakar, a estimé que le soufisme reste mal connu au Sénégal où il n’est identifié qu’à travers les confréries et leurs différentes organisations. (apic/ibc/mp)
Maurice Page
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