Deux jours plus tôt, le prélat espagnol Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, et l’Italienne Francesca Immacolata Chaouqui étaient arrêtés au Vatican, accusés d’avoir divulgué des documents comptables du petit Etat. Dans cette préface, une série de révélations sont énumérées, allant des fonds de la Fondation Bambino Gesù aux biens immobiliers du Vatican, en passant par l’Institut pour les œuvres de religion (IOR).
«Tu dois écrire un livre. Tu dois aussi l’écrire pour (le pape) François, qui doit savoir. Il doit savoir que la Fondation du Bambino Gesù, née pour recueillir les dons en faveur des petits malades, a payé une partie des travaux faits dans le nouvel appartement du cardinal Tarcisio Bertone». C’est ainsi que commence la préface d’»Avarice», le livre du journaliste italien de «L’Espresso» Emiliano Fittipaldi, dans lequel il fait parler un certain «Monsignore», «âgé», qu’il rencontre autour d’un café dans le quartier Parioli, au Nord de Rome (Italie).
En avril 2014, le cardinal Bertone, ancien secrétaire d’Etat du Saint-Siège, avait en effet été accusé dans la presse italienne de vouloir occuper un appartement de plusieurs centaines de m2 au Vatican.
Dans cette préface, le journaliste met ainsi dans la bouche de ce prélat une série de scandales variés, mélangeant parfois des faits liés au Saint-Siège et d’autres concernant des congrégations religieuses ou encore des évêques dans leurs diocèses particuliers. Parmi cette série de révélations, la source d’Emiliano Fittipaldi affirme que «le Vatican possède des maisons, à Rome, qui valent quatre milliards d’euros», et dans lesquelles «il n’y a pas de réfugiés», mais au contraire «plein de personnes recommandées et VIP qui paient des loyers ridicules».
Concernant l’IOR, le prélat avance que la ›banque du Vatican’ disposerait de «quatre fonds de bienfaisance avares comme Harpagon: alors que l’institut du Vatican produit des bénéfices de dizaines de millions d’euros, le fond pour les œuvres missionnaires a offert cette année la misère de 17’000 euros, pour le monde entier !».
L’IOR, ajoute-t-il, «n’a pas encore été nettoyé», et «à l’intérieur du donjon, se cachent encore des clients abusifs, de la racaille poursuivie en Italie pour des graves délits». Selon lui, le Vatican n’aurait «jamais donné» aux enquêteurs de la banque d’Italie «la liste de ceux qui se sont enfui avec le butin à l’étranger».
Enfin, le prélat assure que «la société de révision américaine» qui devait contrôler les comptes du Vatican aurait «payé, en septembre 2015, une amende de 15 millions d’euros pour avoir maquillé les rapports d’une banque anglaise qui faisait des transactions illégales en Iran». Depuis le début de son pontificat, le pape François a mis en place une vaste réforme de l’IOR suite à plusieurs scandales, notamment de blanchiment d’argent. Dans son rapport annuel, en mai dernier, l’IOR annonçait avoir fermé depuis deux ans 4’614 comptes, dont 2’600 comptes «dormants» (inactifs ou au solde très bas), et 550 qui n’entraient pas dans les catégories «autorisées».
Dans cet inventaire à la Prévert, la source du journaliste italien met aussi en cause les fondations Ratzinger et Wojtyla, ainsi que le cardinal George Pell, préfet du Secrétariat pour l’Economie, dont il rappelle qu’il fut un temps mis en cause dans une histoire de pédophilie. Le prélat assure que les procès en canonisation génèreraient en réalité beaucoup d’argent: «les chasseurs de miracles sont coûteux, ce sont des avocats, ils veulent des centaines de milliers d’euros», prévient-il.
Dans un autre livre à paraître le 5 novembre, Gianluigi Nuzzi, journaliste à «Mediaset», évoque lui aussi les petits arrangements qui sont l’ordinaire du plus petit Etat, concernant l’immense patrimoine immobilier du Vatican, mais aussi le manque de transparence dans les comptes, qui aurait mis le pape lui-même en colère. Il évoque également l’incroyable dilapidation du denier de Saint-Pierre, censé redistribuer aux pauvres l’argent des dons des fidèles à travers le monde. (apic/imedia/bl/be)
Jacques Berset
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