Les livres «Avarice» d’Emiliano Fittipaldi, journaliste à l’hebdomadaire «L’Espresso», et «Via crucis» de Gianluigi Nuzzi, du groupe télévisé Mediaset, attendus en librairie le 5 novembre, rapportent que les dons reçus par le Saint-Siège à l’intention des plus pauvres ne sont en réalité pas tous destinés à des œuvres de bienfaisance. Selon Emiliano Fittipaldi interrogé par «Il Fatto Quotidiano», 400 millions d’euros seraient ainsi détournés dans la caisse du Denier de Saint-Pierre pour les besoins de la curie. De même, des cardinaux «continuent à vivre dans des appartements de 500 m2», ajoute Gianluigi Nuzzi, qui fut aussi impliqué lors de la précédente fuite de documents à la fin du pontificat de Benoît XVI. Dans les pages du quotidien italien «Corriere della Sera», le journaliste fait état de bilans peu clairs mentionnant notamment «des pertes dues à des différences d’inventaire», avec des «trous» de 700’000 euros au supermarché du Vatican et de 300’000 euros à la pharmacie.
Gianluigi Nuzzi raconte que, le 3 juillet 2013, le pape aurait présidé une réunion à huis clos après avoir reçu une lettre de commissaires aux comptes de la Préfecture de la Maison pontificale notant «l’absence quasi totale de transparence dans les bilans du Saint-Siège comme du gouvernorat». «Les frais sont hors de contrôle», aurait dénoncé le pape en constatant une augmentation de 30% du nombre des employés en 5 ans. Le pontife aurait aussi appelé à ne pas payer ce qui n’a pas fait l’objet de devis ni d’autorisation, à demander trois devis différents avant tout achat ou tout travaux et à se fournir auprès d’entreprises «qui garantissent l’honnêteté et qui proposent un juste prix de marché».
Quant aux documents volés pour parvenir à rédiger son livre, Gianluigi Nuzzi se défend en mettant en avant sa volonté de «faire connaître cette réalité qui n’a rien à voir avec l’Evangile». Ses sources, assure-t-il sans mentionner les deux personnes inculpées par le Vatican, Mgr Lucio Angel Vallejo Balda et Francesca Immacolata Chaouqui, ont souhaité «aider le pape», avec des documents auxquels ils avaient pleinement droit d’accès. «Il est nécessaire d’éviter absolument de penser que cela est une façon d’aider la mission du pape», avertissait la veille le Bureau de presse du Saint-Siège en parlant de «grave trahison de la confiance» accordée par le pontife. Dans les colonnes du quotidien italien «La Stampa», Francesca Chaouqui clame son innocence en rejetant l’entière responsabilité des faits sur Mgr Valejo Balda. (apic/imedia/ak/rz)
Raphaël Zbinden
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