Cet appel à la «sinisation» a fait suite à des rencontres, à huis-clos, entre une délégation du Saint-Siège et des cadres politiques chinois, rapporte le 30 octobre 2015 l’agence d’information catholique Ucanews. Le Vatican a confirmé être engagé dans un dialogue avec Pékin.
Peu de temps après ces rencontres, un groupe de 25 évêques, prêtres, religieuses et laïques se sont réunis, du 19 au 24 octobre, avec les responsables de l’Administration d’Etat pour les affaires religieuses, dans la province de Guizhou, au sud-est du pays. «Actuellement, l’amour pour l’Eglise et le pays se manifeste à travers une insistance sur la sinisation et l’approfondissement de la gestion démocratique de l’institution», a déclaré à cette occasion Chen Zhongrong, vice-directeur de l’administration.
Le concept de la «sinisation» de la religion a été utilisé en premier par le président Xi Jinping en mai dernier. Les nouvelles orientations politiques demandent aux Eglises de s’adapter à la société chinoise soumise à l’ordre communiste. «L’amour du pays et de l’Eglise viennent tous deux de Dieu», a assuré le responsable administratif. Il a espéré en outre que les dirigeant catholiques «poursuivent avec une ferme volonté sur la voie d’une Eglise indépendante».
Lors du séjour de six jours, des évêques approuvés à la fois par le Vatican et par Pékin ont célébré des messes avec des prélats illégaux, excommuniés par le Saint-Siège. De telles concélébrations sont souvent rejetées par les laïcs chinois, précise Ucanews. La délégation catholique chinoise a également visité des sites considérés comme importants pour les communistes, parallèlement à la visite des églises catholiques de la province de Guizhou.
Le 28 octobre dernier, le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, a confirmé les discussions avec le pouvoir chinois et espéré qu’elles mènent à une normalisation des relations.
Cette nouvelle donne survient alors qu’une vague de répression contre les religions se déroule en Chine. Le gouvernement central fait la promotion d’une politique qui vise à limiter, sinon éliminer complètement, l’influence étrangère. Selon certains rapports, les autorités religieuses gouvernementales de la province du Sichuan exigent des prêtres une déclaration écrite de leur compréhension de la sinisation.
Ces négociations ont également eu lieu au lendemain de la publication, le 8 octobre, dans le journal de l’Etat ›Zhongguo Mingzu Bao’, d’un article rappelant que toutes les affaires religieuses en Chine devaient être traitées par les Chinois et qu’il n’y avait pas besoin de participation étrangère. L’article estimait aussi que l’Etat devait gérer les limites administratives des diocèses et la nomination des évêques qui sont les deux principaux points de désaccord entre le Vatican et la Chine. (apic/ucan/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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