Singapour: Les responsables de la City Harvest Church reconnus coupables de malversations

Singapour, 28.10.2015 (cath.ch-apic) Le Révérend Kong Hee, fondateur d’une des plus importantes Eglises évangéliques de Singapour, la City Harvest Church, et cinq de ses plus proches collaborateurs ont été reconnus coupables le 21 octobre 2015 d’abus de confiance et de falsification de comptes. Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.

Les responsables ont détourné une somme de 50 millions de dollars de Singapour, soit 32 millions d’euros, afin de financer la carrière musicale et le train de vie de Ho Yeow Sun, chanteuse pop et épouse du Rev. Kong Hee.

Le procès de la City Harvest Church est devenu un des procès pénaux les plus longs et les plus chers de l’histoire de Singapour, rapporte l’agence d’information des Missions étrangères de Paris, «Eglises d’Asie». Après 141 jours au tribunal, les frais juridiques pourraient s’élever à plus de dix millions de dollars, selon les avocats.

L’Evangile de la prospérité

Fondée en 1989 autour d’une communauté d’une vingtaine de membres, la City Harvest Church est devenue, en quelques années, l’une des plus importantes églises évangéliques de la cité-Etat. Le Rev. Kong Hee, jeune diplômé en informatique devenu pasteur charismatique, dit vouloir annoncer l’Evangile au monde moderne. Ses services religieux n’ont rien à envier aux meilleurs concerts de musique pop et tout est mis en scène pour que chacun se sente accueilli dans une atmosphère chaleureuse et conviviale. Une des particularités du discours est la mise en valeur de la réussite économique sur le thème de ›l’Evangile de la prospérité’.

La prospérité a été effectivement au rendez-vous pour le Rev. Kong Hee. La congrégation comptera plus de 30’000 membres à son apogée, et en 2001, une grandiose salle de culte est construite à Juron West, à l’Ouest de Singapour. En 2002, la City Harvest Church lance le projet ›Crossover’, dans le but de financer la carrière musicale de Ho Yeow Sun, la femme de son fondateur qui veut évangéliser par la musique. La chanteuse a eu un succès modeste dans la région avec des albums de chansons en chinois. Dès 2003, des membres de l’Eglise tirent la sonnette d’alarme avec des allégations de malversations financières, affirmant que la carrière de Mme Ho est financée par les dons des fidèles. La chanteuse tenta aussi de pénétrer le marché américain, mais elle s’est attiré plus de moqueries que de succès.

A la suite du dépôt de plainte de fidèles, les autorités singapouriennes ont ouvert une enquête en 2010. Le scandale a éclaté deux ans plus tard avec l’arrestation des responsables de l’Eglise.

Le Conseil national des Eglises de Singapour s’est dit attristé par la condamnation du tribunal, mais espère que l’épisode rappellera qu’il faut accorder une plus grande attention à la gouvernance des Eglises en matière de gestion financière.

Les six accusés encourent une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. La sentence devrait tomber prochainement. (apic/eda/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

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