«Qui aurait cru que nous soyons si heureux de nous retrouver et si confiant dans le futur de notre Eglise?» C’est avec un franc sourire aux lèvres que Socorro Martinez, membre d’Amerindia, un réseau composé d’évêques, de théologiens, de chercheurs en sciences sociales, de religieux et de laïcs engagés dans l’Eglise et avec de nombreux mouvements sociaux, a ouvert le 2ème Congrès continental de théologie latino-américaine, dans la Maison de San José, à Belo Horizonte.
Face à plusieurs centaines de participants, parmi lesquels les théologiens Gustavo Guttiérez, Leonardo Boff et Victor Codina, les organisateurs ont d’abord souligné à quel point l’élection du pape François, un latino-américain, avait donné une «nouvelle impulsion» à l’Eglise continentale et mondiale et «avait amené avec elle des changements significatifs dans le contexte ecclésial. Avec ses choix, ses gestes et son enseignement, a rappelé pour sa part Pablo Bonavía, membre de la Commission d’organisation du Congrès continental, il nous invite à une nouvelle forme d’être et d’agir qui passe par la compréhension et la transformation à partir de la solidarité, avec la clameur des exclus et avec la Terre Mère».
L’ouverture de ce 2ème Congrès a été également marquée par la conférence de Leonardo Boff sur le thème «Le facteur religieux dans le contexte des conflits à l’échelle globale». Rappelant qu’il existait aujourd’hui plus de 80 guerres dans le monde, la plupart dans le monde musulman, le théologien brésilien a souligné les dommages créés par les fondamentalismes religieux. Même si, pour lui, «le plus grand fondamentalisme est le capitalisme néolibéral qui s’impose à l’humanité comme l’unique modèle de vie». Une macro économie capitaliste où les gouvernements sont obligés d’obéir aux multinationales et où «l’économie de marché a généré une société de marché».
L’autre type de fondamentalisme qu’a pointé du doigt Leonardo Boff est «le fondamentalisme culturel», autrement dit «l’arrogance de la culture occidentale». «La globalisation culturelle revient à l’occidentalisation de la culture. Et nous sommes confrontés aujourd’hui au phénomène ‘d’hamburgarisation’ de la planète», a t il lancé, provoquant les rires de l’assemblée.
Dans ces sociétés en crise, marquées par les fondamentalismes et le terrorisme, les grandes migrations et la corruption, les religions ont un rôle important à jouer. «Pas les fondamentalismes, a martelé Leonardo Boff. Les religions!» D’autant qu’il y a urgence. «Il faut sauver la terre pour sauver l’être humain, a plaidé le théologien de la Libération. Et aujourd’hui, nous sommes face à une double alternative. D’un côté, il y a la tragédie annoncée d’une planète qui peut disparaître et d’une catastrophe écologique irréversible».
Mais Leonardo Boff préfère croire en une crise qui va ouvrir d’autres horizons. Citant le pape François, il a rappelé que «Dieu est un passionné de la vie». Il a aussi estimé que l’homme avait exploité à peu près tous les biens et les services. «Après avoir épuisé le capitalisme économique, je pense, j’espère, que la prochaine étape sera le capitalisme spirituel, a clamé le théologien. C’est un capital qui, lui, n’a pas de limite. Et lorsque l’être humain va découvrir cette richesse, tout va changer!» (apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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