Syrie: Les djihadistes bombardent une église d’Alep en pleine messe

Paris/Alep, 27.10.2015 (cath.ch-apic) Un projectile «probablement tiré depuis la vieille ville, territoire sous contrôle de divers groupes djihadistes», a touché dimanche soir 25 octobre 2015 l’église Saint-François à Alep, au nord-ouest de la Syrie. Le bombardement de l’église, alors qu’était célébrée la messe, n’a fait que quelques blessés légers, mais de gros dégâts matériels.

«C’était une attaque ciblée contre les chrétiens», a déclaré le 27 octobre à l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED) le Père Ibrahim Alsabagh, franciscain de la Custodie de Terre Sainte, en charge de cette paroisse située dans le quartier d’Azizieh, à Alep.

Une bouteille de gaz propulsée depuis les zones rebelles

Pendant la messe de 17h, une bouteille de gaz a été propulsée sur la coupole de l’église. «C’était justement au moment où je m’apprêtais à donner la communion aux fidèles. Soudain, tout a commencé à trembler et à l’intérieur de l’église, de nombreux débris sont tombés. Il y avait tellement de poussière que nous ne réussissions plus à nous voir entre nous».

Par chance, la bouteille n’a pas explosé au moment du choc avec la coupole, mais quelques secondes plus tard, en glissant sur le toit. «Si elle avait troué la coupole, cela aurait pu provoquer une tragédie, note le franciscain. Mais comme je l’ai dit aux fidèles, le manteau de la Vierge nous a protégés».

«Ce n’est pas un hasard que l’attaque ait eu lieu pendant la messe»

Seules six personnes ont été légèrement blessées, mais les dégâts matériels sont importants. «Ce n’est pas un hasard que l’attaque ait eu lieu pendant la messe du dimanche soir, quand l’église était pleine, avec 400 fidèles», ajoute le Père Ibrahim, en se souvenant des autres tentatives d’agressions contre sa paroisse.

Les motivations qui se cachent derrière l’attentat peuvent être multiples, notamment le fait que les franciscains d’Alep soient très investis dans la promotion du dialogue interreligieux, et portent assistance à tous les citoyens, musulmans comme chrétiens. «Certains veulent éliminer le moindre signe de réconciliation et d’ouverture», affirme le religieux, pour qui l’attaque est clairement antichrétienne. «Notre église est la seule du quartier à être encore ouverte. Beaucoup viennent ici pour prier et sans doute est-ce pour cela qu’ils cherchent à la détruire».

Après le moment de panique qui a suivi l’attaque, le Père Ibrahim a réussi à rétablir le calme. S’assurant qu’il n’y avait pas de blessés graves, il a invité ses paroissiens dans le jardin de l’église, où il leur a donné la communion. «Certains ont été surpris par ma réaction. Mais c’est dans le Seigneur que je trouve ma force, dans l’union avec Lui, à travers la prière. La force d’aller de l’avant, et même avec une plus grande énergie, maintenant que nous devons réparer notre église».

Le religieux salue l’intervention russe

Au lendemain de l’attaque, lundi matin 26 octobre, les fidèles sont revenus pour la messe matinale. «Ils étaient nombreux, et avec joie nous avons écouté de nouveau le son de notre clocher. Nous espérons que tout ce chaos finisse et que nous réussissions à parler bientôt de tout cela comme des faits liés au passé. Sans la peur que des attaques similaires puissent se répéter à tout moment…»

Dans une interview relayée par l’agence de presse catholique italienne SIR, le Père Ibrahim relève que depuis le commencement de l’intervention de l’aviation russe en Syrie, la situation s’est améliorée à Alep, avec l’arrivée plus régulière de l’eau potable et du courant électrique. Il a déclaré voir l’intervention russe positivement, «parce qu’elle a aidé l’armée régulière à défendre la population», en chassant les hommes de Daech.

«Plus de 85% de la population syrienne considère cette intervention de façon favorable», affirme le Père Ibrahim. Le prêtre franciscain souligne toutefois que quelques groupes djihadistes continuent depuis certains endroits à lancer des missiles sur les habitations, mais de manière moins fréquente. Il affirme que la population, dans son quartier, vit cette intervention avec un certain soulagement. (apic/aed/sir/be)

Jacques Berset

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