Saint-Maurice: Un colloque pour situer les religions dans un monde laïc

Saint-Maurice, 26.10.2015 (cath.ch-apic) Une quarantaine de personnes ont assisté les 24 et 25 octobre 2015 à un colloque interreligieux organisé par le mouvement franciscain «Souffle d’Assise» à Saint-Maurice. Intitulé «La laïcité donne place au religieux», il s’est donné pour objectif de scruter la place du religieux dans un monde devenu laïc.

Dans le sillage des rencontres d’Assise, ce colloque est un lieu de rencontres interreligieuses et sociales. «La famille franciscaine a toujours en esprit la rencontre de saint François avec le Sultan[1], explique Denise Savioz, secrétaire du Souffle d’Assise. Apprendre à se connaître et à dialoguer fait partie du charisme franciscain. C’est aussi l’esprit dans lequel ont eu lieu les rencontres du week-end.»

Assurer la transmission du religieux

Et cet esprit s’est incarné à travers quatre conférences qui ont été autant d’optiques pour aborder le lien du religieux au monde. Premier intervenant à ouvrir les feux, le pasteur genevois Henri Nerfin, secrétaire du Groupe citoyen «Culture religieuse et humaniste à l’école laïque», a rappelé l’importance de la quête de sens, «dont l’Education Nationale ne peut faire litière», «sans pour autant reconnaître aux ‘religions’ un quelconque monopole du sens». «Les religions instituées n’ont ni exclusivité ni supériorité a priori» quant aux «anxiétés métaphysiques de l’être humain». Il appartient néanmoins à l’Etat d’assurer «la transmission du fait religieux», au risque de favoriser «la pathologie du terrain», a affirmé le pasteur genevois.

Dans une perspective concrète, Henri Maudet, secrétaire de la Plateforme Interreligieuse de Genève, a rappelé «l’importance de la connaissance permettant un dialogue amical et intelligent entre personnes qui ont soif de se découvrir». «Permettre un espace de parole, parfois conflictuelle, est une nécessité vitale pour la bonne santé du vivre-ensemble», soutient-il, et ce particulièrement à Genève, «ville internationale, où plus d’une centaine d’entités religieuses coexistent».

Des liens parfois ambigus

Le vicaire général du diocèse de Sion Pierre-Yves Maillard a pour sa part souligné les ambigüités historiques qu’a entretenu le christianisme dans son rapport au monde. En prenant appui sur l’Evangile de Marc – «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu», Mc 12, 17 – et sur les Constitutions conciliaires Gaudium et Spes et Lumen Gentium, il a indiqué la manière dont l’Eglise s’est récemment ouverte au monde. «L’Eglise est au service de l’humanité», car «chaque homme porte en lui les semences du divin», a affirmé le prêtre valaisan.

Le témoignage, dimanche, de Latifa Ibn Ziaten, invitée «exceptionnelle» de ces rencontres franciscaines, a ému l’assemblée. Latifa Ibn Ziaten, musulmane pratiquante de Rouen est la mère d’Imad, premier militaire tué par le terroriste Mohamed Merah, en mars 2012 à Toulouse. La mort de son fils est devenue pour elle une «source de vie». En fondant l’association «Imad Ibn Ziaten pour la Jeunesse et la Paix», elle lutte désormais contre la violence et l’inhumanité auprès des jeunes dans les écoles, mais également dans les prisons. «Il faut toujours regarder l’autre sans peur, les yeux dans les yeux, à hauteur d’homme», a-t-elle affirmé.

Ses rencontres, organisées chaque année depuis 2006, vingt après la rencontre d’Assise, auront lieu l’an prochain à nouveau. Elles marqueront le trentième anniversaire de la première journée mondiale de la prière instituée par le pape Jean-Paul II. (apic/com/pp)


[1] La rencontre de François d’Assise et du Sultan Al-Kâmil a certainement eu lieu pendant la cinquième croisade (1217-1221), très vraisemblablement au mois de septembre 1219, près de la forteresse de Damiette, au nord-ouest de l’embouchure du Nil, pendant une trêve entre l’armée et celle des croisés.

Pierre Pistoletti

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