Les Cartons du cœur: «la misère est parmi nous»

Bienne, 26.10.2015 (cath.ch-apic) A Bienne, l’association «Les Cartons du cœur» existe depuis 1993. Une soixantaine de bénévoles œuvrent au bon fonctionnement de cette association qui se consacre à la livraison de denrées aux personnes et familles défavorisées.

Les 30 octobre et 27 novembre 2015, deux récoltes de denrées en faveur des Cartons du cœur seront organisées au Centre Migros de Brügg et au Centre Coop, derrière la gare de Bienne.

Il était une fois, à La Neuveville – lors d’une récolte de denrées à la Migros en faveur des Cartons du cœur – un petit garçon appelé Samuel qui venait de fêter ses sept ans. Samuel était avec sa maman et poussait un énorme caddie. «C’est pour les Cartons du cœur. Pour son anniversaire, en guise de cadeaux, Samuel a demandé à ses copains d’acheter des provisions pour les Cartons du cœur. Tous ses copains ont suivi la consigne et ont même écrit des messages… Voilà!» a expliqué la maman en désignant le chariot rempli de denrées. Samuel, lui, a eu un joli sourire timide, tout rempli de soleil. Et personne n’oubliera le geste touchant de ce petit garçon de sept ans et de ses camarades. «C’était à en pleurer… de joie!» se souvient, encore vibrante d’émotion, Jacqueline Angel, vice-présidente de l’antenne biennoise des Cartons du cœur. «Nous organisons trois récoltes de denrées par année. Une à Pâques, à la Migros de La Neuveville, et deux à Bienne. Les prochaines auront lieu vendredi 30 octobre de 8.30 à 21.00, au Centre Migros de Brügg, et vendredi 27 novembre, au Centre Coop derrière la gare de Bienne.»

Mais que peut-on bien remettre aux Cartons du cœur en matière de denrées? «Tout sauf des denrées périssables: on ne veut pas casser la chaîne du froid. Nous n’acceptons pas non plus des produits confectionnés par les gens eux-mêmes (par exemple des confitures maison). Il est aussi possible de verser de l’argent sur notre compte, de nous donner de l’argent lors des récoltes de denrées ou alors de nous remettre des bons Cumulus.» Chaque jour, les Cartons du cœur s’assurent les services bénévoles d’une téléphoniste, de deux personnes pour la confection des cartons et de deux autres personnes qui iront ensuite les livrer. Un travail conséquent et généreux qui nécessite une solide organisation et une bonne coopération. L’association subsiste grâce à des dons (particuliers, subvention de la Ville, dons des Eglises et récoltes de denrées dans les grandes surfaces). «Nous avons aussi Table Suisse qui nous livre chaque semaine une partie de l’invendu. Par deux fois, nous avons également reçu les dons pour Noël de la Croix-Rouge. Toutes ces choses nous aident à tenir le coup. Mais, sans le travail considérable des bénévoles, rien ne serait possible» précise encore la vice-présidente de l’antenne biennoise.

Des livraisons en augmentation

En 2014, l’antenne biennoise a effectué 750 livraisons sur Bienne et trente communes environnantes. Quelque 1800 personnes ont ainsi été aidées et 30 tonnes de marchandises liquidées. «Depuis le début de cette année, nous constatons une grande augmentation des demandes. On sent bien la crise!» s’exclame la vice-présidente des Cartons du cœur. «Parmi les gens qui nous demandent de l’aide, il n’y a pas que des étrangers. Il y a aussi des Suisses, des retraités sans 2e pilier, des gens avec des problèmes de santé, des jeunes momentanément sans emploi et se trouvant dans une situation difficile…» Les Cartons du cœur tiennent une cartothèque des personnes qui les contactent. Les gens au bénéfice des Œuvres sociales ne reçoivent que deux cartons par année. Les autres peuvent en recevoir trois.

Le contenu d’un carton

Pour une famille de 4 personnes, 5 caisses sont livrées. A l’intérieur, on trouve tous les produits de première nécessité: pâtes, riz, conserves, huile, lentilles, maïs, fruits en conserve, thon, tomates en boîtes, produits frais (pommes de terre, carottes, pommes). Il y a aussi un peu de chocolat, de la confiture, des corn flakes, du sucre, du lait, du fromage, des yogourts, desœufs, des flans… «De quoi tenir le coup environ deux ou trois semaines» ajoute Jacqueline Angel. On y trouve encore des produits d’hygiène (savons, gel douche, shampooing, pâte dentifrice), détergents, poudre à lessive…»

Motivations profondes

Pour Jacqueline Angel, c’est un bonheur de pouvoir aider, donner de son temps libre à cette organisation et se sentir pleinement utile. «J’aimerais bien qu’on ait moins de demandes, ce qui voudrait dire qu’il y aurait moins de misère… J’espère qu’on pourra continuer longtemps à aider ceux qui ont besoin d’être aidés!» Chantal et Joseph, tous deux également bénévoles aux Cartons du cœur, s’occupent des livraisons. «J’ai la chance de ne pas être dans le besoin, donc, si je peux faire un petit quelque chose pour les autres, autant le faire. On vient de rentrer de notre dernière livraison de l’après-midi et… on est tout chamboulés, mon collègue et moi. On est tombé sur un couple âgé qui nous a dit que ça faisait deux jours qu’ils n’avaient pas mangé. Effectivement, le frigo était vide. La dame salivait devant tout ce qu’elle voyait. Cela m’a fait très mal et je me suis dit: «Punaise, la misère, elle est aussi parmi nous!» Joseph, son collègue, acquiesce: «C’est vrai qu’on se demande parfois comment on peut vivre dans de pareilles conditions. A Bienne et dans notre région, on rencontre beaucoup de pauvreté. Ce serait bien si certains politiciens venaient un peu voir de plus près ce qui se vit chez nous…»


Encadré:

Devenir bénévole aux Cartons du cœur?

L’association a toujours besoin qu’on lui prête main-forte, au moins quatre heures par mois (deux fois deux heures). Si vous souhaitez vous engager comme téléphoniste, livreur ou confectionneur de cartons, n’hésitez pas à contacter l’antenne biennoise: tél. 032 342 21 11.

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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