«Le travail fut intense et chacun a pu s’exprimer avec une belle liberté de parole», insiste Mgr Lovey. Il revient sur ces treize demi-journées intenses au cours desquelles les pères synodaux ont discuté à partir de l’instrumentum laboris, «un travail, au début de nos rencontres, très pesant pour l’esprit». Le document revenait en effet sur tous les points négatifs que les pères synodaux ont abordés durant ces trois semaines. «Nous avons travaillé pour que le monde entende une bonne nouvelle! Ce ne fut pas facile car nous avons dû effectuer un gros travail de positionnement pour émettre des réflexions se fondant sur l’évangile», appuie Mgr Lovey. Il évoque aussi un texte très fragmenté, construit à partir de réflexions venant du monde entier, à partir duquel les pères synodaux ont travaillé. «Un fil rouge est apparu lors du travail de restructuration du texte. Il nous ramenait tout le temps au souci pastoral d’accompagnement», explique-t-il. Mgr Lovey met aussi l’accent sur le rythme contraignant des séances en plenum où chacun disposait de trois minutes pour s’exprimer.
«Nous nous sommes très vite orientés vers l’idée de la fraternité de tous les chrétiens dans la famille de Dieu, tant nous avons évoqué de formes différentes de familles et autant de réalités difficiles vécues à travers le monde», insiste Mgr Lovey. L’aspect universel s’est de fait imposé dans les discussions et a marqué l’évêque qui a décrit un groupe (circulus) où se trouvaient sept évêques africains, deux canadiens, un syrien, un iranien et un français. Il a proposé que des articles soient aussi rédigés par le couple camerounais qui participait aux discussions qui ont été menées dans une grande écoute. Elles ont constitué pour l’évêque valaisan une expérience «magnifique de fraternité».
Mgr Lovey a pointé le mécontentement exprimé par les évêques africains qui «ressentaient un contexte de deuxième colonisation, tant les schémas occidentaux de la famille, comme la contraception, sont culturellement inconcevables en Afrique». L’évêque a cité le cas de ses «frères iraniens» s’alarmant de la baisse des chrétiens, déjà minoritaires, au Moyen-Orient – beaucoup se convertissant à l’islam lors de mariages les unissant à des musulmans. Ils ont lancé un appel à la liberté religieuse.
La doctrine ne change pas concernant les divorcés-remariés mais Mgr Lovey se dit prêt à les accompagner dans leurs difficultés. Il a rappelé qu’il n’y a pas de fondement biblique ni de tradition ecclésiale en faveur du mariage homosexuel. Là aussi, il est question d’accompagnement, une situation qu’il connaît bien puisqu’il qu’il accompagne lui-même un groupe homosexuel dans son diocèse. «L’attente était forte sur ce point, mais le synode ne décide pas», a-t-il rappelé en reconnaissant que le pape «pourrait nous surprendre»
L’évêque de Sion espère que ce synode apportera un nouvel élan et une belle dynamique chrétienne à l’Eglise suisse et «aux familles qui vivent avec courage des situations difficiles comme celles qui vivent avec bonheur leur engagement chrétien». (apic/bh)
Bernard Hallet
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