L’Iran est considéré comme un acteur indispensable du retour à la stabilité au Moyen-Orient, depuis l’avancée des djihadistes de l’organisation Etat islamique, en Syrie et en Irak. «Depuis qu’il est au pouvoir, note Mgr Garmou, le président Rohani a manifesté des signes d’ouverture, des signes d’un dialogue et d’un rapprochement. Par exemple, le fameux accord de Vienne sur le nucléaire, c’est son gouvernement qui l’a réalisé. On espère que sa rencontre avec le pape François sera aussi l’occasion d’une nouvelle ouverture».
Concernant l’intervention militaire actuelle de l’Iran aux côtés de la Russie en Syrie, bien que la guerre soit toujours une mauvaise solution, Mgr Garmou espère qu’elle pourra mettre fin à la tragique situation que vit ce pays ainsi que l’Irak, son pays d’origine, sans que cela n’entraîne trop de victimes. Depuis l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 et jusqu’à maintenant avec l’occupation de plusieurs villes et territoires irakiens par Daech, la moitié des chrétiens d’Irak ont quitté le pays, regrette encore l’archevêque assyro-chaldéen de Téhéran. Pour l’Eglise en Irak, ce n’est pas un bon signe.
Le prélat, qui participe aux travaux du synode sur la famille, a sensibilisé les Pères synodaux sur le sort des chrétiens du Moyen-Orient, souvent contraints à l’exil : «C’est une souffrance pour les familles qui se trouvent ainsi séparées, dit-il. Parfois, elles sont divisées entre plusieurs pays».
Si l’Iran peut donc jouer un rôle diplomatique important sur la stabilité dans la région, la question de la minorité chrétienne du pays reste sensible. «Selon la Constitution, explique Mgr Garmou, les chrétiens sont une minorité reconnue officiellement. Ce statut nous permet d’exercer notre religion à l’intérieur des églises, mais la liberté de religion n’existe pas en Iran. De fait, cela limite nos activités. Nous espérons que cette situation changera un jour».
La liberté religieuse des chrétiens estimés à 70’000, est en effet toute relative. Si les églises sont ouvertes pour le culte ou des conférences, tout doit se passer à l’intérieur des édifices reconnus par le régime. Les chrétiens peuvent produire du vin et le boire, mais non le commercialiser. Les femmes n’ont pas l’obligation de se voiler, mais les chrétiens sont exclus de la fonction publique, ils n’ont pas droit aux mêmes prestations sociales que les musulmans, ou sont encore passibles de peines spécifiques en matière criminelle. Il est en outre interdit de se convertir au christianisme en Iran. (apic/imedia/mp)
Maurice Page
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