Côte-d’Ivoire: Le Cardinal Kutwa appelle à une élection présidentielle calme le 25 octobre

Abidjan, 21.10.2015 (cath.ch-apic) Le Cardinal Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, a lancé un appel à une élection présidentielle calme et paisible, le 25 octobre en Côte-d’Ivoire. Lors du dernier scrutin présidentiel, en octobre 2010, des violences post-électorales entre adversaires politiques avaient plongé le pays dans une guerre civile qui a duré jusqu’en avril 2011, faisant 3’000 morts et un nombre indéterminés de blessés.

Pour l’archevêque d’Abidjan, les Ivoiriens peuvent considérer la consultation électorale présidentielle du dimanche prochain comme «un véritable indicateur de foi pour les chrétiens et cela, en lien avec l’année de la miséricorde qui s’ouvrira bientôt, le 8 décembre».

«Malheureusement, et comme par effet de répétition, sous nos tropiques, les élections se succèdent et nous apportent presque toujours, leur même lot de désolation», a-t-il déploré.

Signaux peu rassurants

«Déjà, et comme par le passé, au niveau social, a-t-il poursuivi, les signaux qui nous sont envoyés depuis quelques semaines ne sont pas rassurants: les revendications sociales, qui sont signes de mal-être, se multiplient, le processus de réconciliation que nous appelons de tous nos vœux, semble avoir pris du plomb dans l’aile par notre refus d’en prendre courageusement le chemin. La même violence verbale et physique semble continuer de triompher. Sur le plan de l’insécurité, beaucoup a été fait, mais celle-ci n’est pas encore jugulée.

En outre, beaucoup de citoyens sont toujours en exil, l’économie nationale, malgré quelques frémissements, n’a pas tout à fait retrouvé son souffle. Le panier de la ménagère reste encore léger, l’école peine à trouver ses marques avec son lot d’incertitude.» Malgré ce tableau quelque peu sombre, il ne faut pas pour autant désespérer, souligne le cardinal.

Conversion des mentalités

Le cardinal a également lancé un appel à la conversion des mentalités, en s’adressant «avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu, en raison de leur conduite de vie». «Je pense en particulier aux hommes et aux femmes qui font partie d’une organisation criminelle quelle qu’elle soit». Ils doivent changer de vie. «Je vous le demande au nom du Christ qui, combattant le péché, n’a jamais rejeté aucun pécheur». " Ne tombez pas dans le terrible piège qui consiste à croire que la vie ne dépend que de l’argent, et qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité. Ce n’est qu’une illusion», a encore dit le chef  de l’Eglise romaine de Côte-d’Ivoire. Personne n’emporte avec lui son argent dans l’au-delà. «La violence pour amasser de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper».

La plaie puante de la corruption

Le même appel s’adresse aux personnes «fautives ou complices de corruption, cette plaie puante de la société est un péché grave qui crie vers le ciel, car il mine le fondement de la vie personnelle et sociale», a-t-il encore dénoncé. «La corruption est un acharnement dans le péché qui entend substituer à Dieu, l’illusion de l’argent comme forme de pouvoir. C’est une œuvre des ténèbres, qui s’appuie sur la suspicion et l’intrigue», a-t-il fait observer. Il a estimé que pour la vaincre dans la vie individuelle et sociale, «il faut de la prudence, de la vigilance, de la loyauté, de la transparence, le tout en lien avec le courage de la dénonciation. Si elle n’est pas combattue ouvertement, tôt ou tard on s’en rend complice et elle détruit l’existence». (apic/ibc/mp)

Maurice Page

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