Le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures (DREE) du Patriarcat de Moscou a déploré que «les médias internationaux, dans leur majorité, taisent l’ampleur de cette catastrophe». La conférence, portant sur le pluralisme religieux et culturel et la coexistence pacifique au Proche-Orient, était organisée par le ministère des Affaires étrangères de la République grecque. Des délégués de 50 pays se sont déplacés, parmi lesquels les Primats de plusieurs Eglises orthodoxes locales, des représentants de l’Eglise catholique romaine, de différentes Eglises chrétiennes et des communautés protestantes, des leaders musulmans, des personnalités politiques, des représentants de plusieurs organisations internationales, dont l’ONU, l’UNESCO, le Conseil de l’Europe, et des universitaires.
Parmi les participants de la conférence figuraient le Patriarche Bartholomée de Constantinople, les Patriarches Théodore d’Athènes, Jean d’Antioche et de tout l’Orient, Théophile de Jérusalem et de toute la Palestine, les archevêques Chrysostome de Chypre, Hiéronymos d’Athènes et toute la Grèce, ainsi qu’Anastase de Tirana et de toute l’Albanie.
Le métropolite Hilarion a mentionné la diminution de la présence chrétienne dans cette région du monde «à cause des menées des extrémistes». Il a rappelé à l’assemblée que la perte de la présence chrétienne dans la région aurait des conséquences irréparables. «Nous espérons que le monde pourra tirer les leçons de la plus grande tragédie humanitaire de ces dernières années. Nous appelons les hommes politiques partiellement responsables de cette situation à faire tous les efforts possibles pour la protection des chrétiens, et pour leur garantir le retour vers leurs maisons, sur leurs terres natales dont ils sont la population de souche».
Pendant la conférence, les principaux intervenants ont présentés leurs allocutions sur différents aspects de la situation des croyants au Proche-Orient et en Afrique du Nord.
Le 20 octobre, les participants à la conférence ont adopté une résolution exprimant leur sérieuse préoccupation devant la crise humanitaire sans précédent qui frappe le Proche-Orient. Ils condamnent les violations des droits de l’homme, les actes de terrorisme et d’extrémisme à l’égard des communautés religieuses, en particulier en Syrie et en Irak. Le document constate qu’il est nécessaire de prendre des mesures d’urgence pour protéger les droits religieux des chrétiens, ainsi que pour défendre le droit des chrétiens à vivre sur une terre qui est la leur depuis des millénaires. Ils condamnent fermement «la destruction délibérée et le pillage des sites religieux et culturels, églises, tombeaux, sanctuaires et monuments».
Encadré
«Au Proche-Orient, une extermination jamais vue et délibérée du christianisme s’accomplit aujourd’hui, dénonce le métropolite Hilarion. Les exécutions et les enlèvements, la destruction de sanctuaires antiques, les expulsions de chrétiens chassés de leurs terres natales ne cessent de se répéter, ce qui ne peut pas ne pas inquiéter les Eglises chrétiennes».
«En deux mille ans d’histoire, les chrétiens ont traversé de nombreuses épreuves. Pourtant, les évènements de ces dernières années sont sans précédent. Au XXIe siècle, à une époque de développement intensif de l’humanité, après une série de sanglantes guerres mondiales et avec la complaisance silencieuse des grandes puissances mondiales, on assiste à l’éradication volontaire du christianisme et de la culture chrétienne là où ils sont nés».
«Nous savons que les musulmans et d’autres communautés religieuses souffrent aussi de l’activité des extrémistes, mais les chrétiens sont les plus vulnérables face à l’ennemi qui terrifie le monde entier. Ils sont devenus les premières cibles des terroristes, victimes d’enlèvements, d’exactions et d’assassinats. Or, ces terroristes commettent leurs méfaits au nom de slogans religieux».
Hilarion de Volokolamsk a cité quelques chiffres pour mettre en évidence l’ampleur de la catastrophe. «En Irak, par exemple, le nombre de chrétiens a été divisé par plus de dix durant ces douze dernières années; ceux qui sont restés sont aujourd’hui dans une situation désastreuse, privés de tous leurs biens et de tout espoir d’un avenir paisible et prospère. Rien que l’an dernier, plus de 100’000 chrétiens ont quitté l’Irak. Les dommages causés aux antiques églises chrétiennes et à d’autres monuments historiques sont incalculables».
«En Libye, on procède à des exécutions en masse de chrétiens parfaitement innocents. Ce pays, naguère stable, est la proie de guerres tribales, être chrétien y est extrêmement dangereux. Sur 100’000 chrétiens, il n’en reste que quelques milliers, et leur vie est toujours menacée. Jusqu’en 2011, la Syrie a entretenu l’équilibre interreligieux. L’intervention des extrémistes dans ce pays a déclenché une terreur sanglante à l’encontre des chrétiens. Nous ne savons toujours rien du sort des deux métropolites d’Alep enlevés il y a deux ans et demi, Paul Yazigi et Grégoire Jean Ibrahim. Près de 200 Assyriens, enlevés en février dans la vallée de la rivière Khabour, sont toujours captifs de l’Etat islamique. Trois d’entre eux ont été récemment exécutés par les terroristes».
«A l’heure actuelle, plus d’un quart des chrétiens ont quitté la Syrie. Ce chiffre continue de croître. Les gens fuient la terreur, les horreurs de la guerre, un avenir sans espoir pour eux et pour leurs enfants. Le danger de voir le Proche-Orient, berceau du christianisme, appartenir sans partage aux extrémistes est bien réel. A notre grand regret, peu d’hommes politiques occidentaux prêtent l’oreille à la voix des leaders chrétiens qui appelaient et continuent d’appeler à cesser toute livraison d’armes aux rebelles. Des dommages irréparables ont été causés à l’antique patrimoine culturel du Proche-Orient. Les équilibres religieux et culturels, dont la mise en place avait demandé des siècles, ont été détruits».
Le métropolite Hilarion appelle finalement «les hommes politiques partiellement responsables de cette situation à faire tous les efforts possibles pour la protection des chrétiens, et pour leur garantir le retour vers leurs maisons, sur leurs terres natales dont ils sont la population de souche». (apic/mospat/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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