«Elle ne sanctifie pas les combats et refuse le concept de ‘guerre sainte'», a-t-il déclaré dans son homélie dominicale dans la cathédrale Saint-Georges à Beyrouth.
«Notre Eglise ne bénit pas celui qui tue l’autre, car celui qui tue l’autre, c’est comme s’il voulait tuer Dieu (…) Ceux qui vous rejettent parce que vous suivez les commandements de Dieu sont eux-mêmes rejetés par Dieu», a-t-il lancé. Le quotidien libanais francophone «L’Orient-Le Jour» rappelle que cette prise de position intervient au lendemain du lancement, par 62 personnalités grecques-orthodoxes, d’une pétition «contre les guerres religieuses».
Cette campagne a été lancée le 16 octobre 2015 depuis Beyrouth à l’initiative de deux professeurs d’Université, l’ancien ministre Tarek Mitri et le chirurgien, philosophe et professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth Antoine Courban. Ils refusent notamment que «des guerres ou des actions terroristes puissent être justifiées au nom de la religion» et rejettent l’argument que «la protection des chrétiens puisse servir d’alibi au service d’objectifs idéologiques ou politiques, comme certains ont tenté de le faire récemment en appui à l’intervention militaire de la Russie en Syrie».
«Cette position doit pouvoir servir de plate-forme de réconciliation pour l’opinion publique. Elle est de nature à protéger la paix et le vivre-ensemble, pour que le Liban ne soit pas pris dans le tourbillon de la folie identitaire qui nous entoure», a déclaré Antoine Courban à «L’Orient-Le Jour». L’idée de «guerre juste», «propre à l’Eglise russe depuis le temps du tsar Boris Godounov " est une «hérésie», estime-t-il.
Fin septembre, le Père Vsevolod Tchapline, cité par l’agence de presse russe Interfax, estimait que l’engagement militaire russe en Syrie s’inscrivait dans le cadre d’une «guerre sainte» contre le terrorisme. Le porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe relevait que l’intervention russe était conforme au droit international, «à la mentalité de notre peuple et au rôle particulier que notre pays a toujours joué au Moyen-Orient».
Le 19 octobre 2015, toujours selon Interfax, le Père Tchapline a souligné que la Russie ne considérait pas son opération militaire en Syrie comme une «guerre religieuse», car «de nombreux musulmans sont de notre côté». Il a dit son espoir que la dernière initiative des présidents russe Vladimir Poutine et kazakh Noursoultan Nazarbaev de fonder le forum «L’islam contre le terrorisme» allait refléter cette réalité. Ce forum de discussion devrait permettre aux pays qui comptent une population musulmane de débattre et de coordonner leur lutte contre les mouvements extrémistes.
«La motivation de la Russie pour la protection des opprimés est plus forte que l’appel de l’Etat islamique au djihad contre nous», a-t-il affirmé. Pour Vsevolod Tchapline, la motivation de la Russie réside dans les fondements des enseignements tant du christianisme orthodoxe et de l’islam traditionnel, à savoir protéger les opprimés, les exilés, «nos frères et sœurs sujets de génocide». «Cette motivation est beaucoup plus forte que la lutte de l’Occident pour ‘la démocratie et le marché’, et que la réflexion pseudo-religieuse des extrémistes». Il a également déploré l’attitude de «certains défaitistes et pacifistes» en Russie face à lutte antiterroriste.
«Ils ne peuvent pas parler au nom du vrai christianisme et je pense également au nom du vrai islam. Ils ne pensent pas à la vérité, mais seulement à préserver leur confort quotidien, leurs vies misérables, à travers leurs lunettes roses». Pour le porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe, la lutte contre la terreur nécessite «une motivation suprême, spirituelle et morale, basée sur les idées de paix véritable, qui est la paix juste». (apic/orj/interfax/be)
Jacques Berset
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