Pour une communion eucharistique commune au sein des couples mixtes

Rome, 16.10.2015 (cath.ch-apic) La possibilité d’une communion eucharistique commune afin de permettre aux couples mixtes de partager le même pain, est l’un des thèmes récurrents abordés par les délégués fraternels devant les pères synodaux. Une douzaine de représentants des Eglises anglicane, orthodoxe et protestante, sont intervenus en congrégation générale le 16 octobre 2015, au terme de la deuxième semaine du Synode des évêques sur la famille.

Parmi les sujets abordés, beaucoup ont ainsi souhaité s’arrêter sur la question des mariages mixtes entre diverses confessions chrétiennes, comme le métropolite Iosif, membre de l’Eglise orthodoxe de Roumanie, qui a appelé à traiter cette question avec sérieux et discernement, surtout quand ces mariages sont doublés de ruptures ou divorces préalables.

Plusieurs, comme Mgr Ndanganeni Petrus Phaswana, évêque de la Fédération luthérienne mondiale, ont mentionné les familles œcuméniques où les membres de la même famille ne peuvent pas partager le pain et le vin et ainsi être nourris dans la communion commune au Christ. Le révérend Robert K. Welsh, président du Conseil de la Christian Church aux Etats-Unis, a confié à ce sujet son regret et sa douleur personnelle de ne pas pouvoir partager l’eucharistie avec son petit-fils, lui-même catholique, avant d’adresser un souhait au pape François : «Saint-Père, durant ›l’Année sainte de la miséricorde’ que vous avez proclamé, j’espère que vous pourrez offrir un s igne concret (…) à la fois pastoral et évangélique : tous les chrétiens seraient accueillis pour partager l’unique Eucharistie».

Penser au conjoint délaissé innocent

Les divers intervenants se sont exprimés aussi sur les unions entre personnes de même sexe. Pour Mgr Andrej, métropolite d’Autriche et Suisse du patriarcat orthodoxe serbe, la théologie est appelée à jeter les bases non seulement pour la fondation du sacrement de mariage, et donc pour la vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et le monde d’aujourd’hui, mais jamais pour articuler une théologie de l’amour entre les sexes pour notre époque.

Le métropolite Bishoy, de l’Eglise copte orthodoxe d’Alexandrie, pointant l’homosexualité comme un grand péché, a cependant souhaité que l’Eglise s’exprime à ce sujet en termes tolérants. Le prélat a également abordé le divorce autorisé dans son Eglise en expliquant que l’exception s’appliquait dans les cas d’adultère au sens large, au bénéfice du conjoint délaissé, innocent. Beaucoup de cas de divorcés-remariés sont dus à ces raisons et l’Eglise pourrait autoriser le divorce et le remariage pour la partie innocente seulement, a-t-il estimé.

Mar Youstinos Boulos, archevêque libanais de Zahle et Bekaa du patriarcat syro-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, a expliqué que selon la théologie orientale le sacrement de l’Eucharistie était un médicament pour les âmes blessées et que son effet salvifique ne devrait pas faire partie des normes de punition, à part dans certains cas exceptionnels car l’Eucharistie n’est pas un prix ou une récompense.

Certains ont parlé du ton de l’Eglise, comme le primat de l’Eglise orthodoxe d’Estonie invitant à proscrire un langage de jugement au sujet de la sexualité, à ne pas éloigner les contemporains de Dieu. Enfin, le révérend Tim Macquiban, directeur du Bureau œcuménique de l’Eglise méthodiste à Rome (Italie), a mis en garde le synode contre le risque de marginaliser les formes de famille qui ne correspondent pas à la forme traditionnelle, à savoir les célibataires avec ou sans enfant, les personnes cohabitant et les couples mariés à l’Eglise mais sans enfant. AK

Maurice Page

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