Pakistan: Plus de 1'400 cas de blasphème en un an

Karachi, 16.10.2015 (cath.ch-apic) Quelque 1’400 dénonciations de cas de blasphème ont été enregistrés en 2014 au Pakistan. Ce pic, par rapport à la tendance de ces dernières années, révèle une situation très préoccupante, rapporte le 15 octobre 2015, l’agence missionnaire vaticane Fides.

En 2014, selon l’ONG Commission pour les droits fondamentaux du Pakistan (HRCP), les tribunaux du pays ont condamné trois personnes à la peine capitale, six à la réclusion à perpétuité et trois autres à deux ans de réclusion pour blasphème. Environ 800 des 1’400 accusations de blasphème ont été enregistrées à l’encontre de musulmans eux-mêmes. Ce qui témoigne des très nombreux abus de cette loi.

Selon Me Nisar Shar, porte-parole de l’Association des avocats de Karachi, il est devenu dangereux même pour les avocats de faire leur travail et de défendre un inculpé accusé de blasphème.

Les arrestations de chrétiens se poursuivent

Les arrestations de chrétiens faussement accusés se poursuivent sur la base de motivations les plus disparates. Parmi les derniers figure celui d’un jeune chrétien de 24 ans, Naveed John, accusé et arrêté à Sargodha, au Pendjab.

Selon une pratique répandue parmi les groupes chrétiens pentecôtistes, le jeune homme priait en privé avec une autre personne. Des fidèles de différentes religions, y compris des musulmans, se rendaient souvent à son domicile pour lui demander de prier pour eux. L’un d’eux, un agent de police venu incognito, avait apporté une épée sur laquelle étaient gravés des versets du coran. Lorsque le jeune homme l’a mis sous ses jambes, il l’a dénoncé, en affirmant que Naveed John avait agi intentionnellement pour outrager le coran.

Dans un autre cas, un chrétien pakistanais et sa famille ont été contraints d’abandonner leur maison pour fuir la colère d’une foule de musulmans qui les accusaient de blasphème. Aftab Gill, 40 ans, allait prendre de l’eau à une fontaine appartenant à une mosquée de Wazirabad, toujours au Pendjab. Un musulman lui a dit: «Les chrétiens ne sont pas autorisés à utiliser cette eau. Vous, infidèles, la contaminez. Si vous en voulez, vous devez vous convertir à l’islam». Aftab Gill et ses enfants ont refusé. En peu de temps, environ 200 hommes se sont rassemblés pour agresser Aftab Gill et sa famille, les accusant de blasphème. La police a dû intervenir pour les sauver du lynchage. (apic/fides/mp)

Maurice Page

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