Des femmes diacres? Réactions romandes

Lausanne, 09.10.2015 (cath.ch-apic) L’Eglise catholique est-elle prête à ce que des femmes deviennent diacres? La proposition a été émise le 7 octobre, au synode sur la famille par Mgr Paul-André Durocher, évêque de Gatineau (Canada). Réactions recueillies en Suisse romande.

Des femmes diacres dans l’Eglise catholique… L’intervention de Mgr Paul-André Durocher, évêque de Gatineau et président de la Conférence des évêques du Canada, a suscité les applaudissements de l’assemblée synodale, au Vatican.

Et en Suisse romande? Pour Marie-Christine Varone, bibliste et animatrice de l’Association Biblique catholique (ABC), la proposition de Mgr Paul-André Durocher éveille des souvenirs: «Il y a plus de vingt-cinq ans, j’ai participé à la pré-commission voulue par les évêques suisses, sur la place de la femme dans l’Eglise. La demande était forte de réfléchir à l’accès des femmes au diaconat, surtout du côté alémanique. Mais il y a rapidement eu des réticences, par peur que ce soit une plate-forme d’accès au sacerdoce».

Présence de l’Eglise dans le monde

Aujourd’hui, le thème de la place des femmes dans l’Eglise continue d’occuper les esprits: «Les femmes sont présentes comme aumôniers d’hôpitaux ou divers autres services, dit Marie-Christine Varone. Le diaconat féminin pourrait donc constituer une forme de reconnaissance. Mais je ne suis pas certaine que de devenir diacre donnerait plus de pouvoir de décision».

Pourtant, dit la théologienne de Fribourg, «je serais favorable au diaconat féminin, à condition que ce ne soit pas au détriment de l’engagement et du témoignage du baptisé. Comme laïque, je milite pour un laïcat plus engagé dans les divers milieux de vie». Quant aux diacres en général, leur mission est «à déterminer plus clairement»: je ne les vois pas comme des `servants d’autel´ autour du prêtre, mais bien comme une présence de l’Eglise dans le monde et en particulier auprès des plus démunis et de ceux qui sont le plus éloignés de l’Eglise».

Le charisme féminin autrement ?

Bertrand Georges, lui-même diacre, est membre, pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, de la Commission diocésaine du diaconat permanent. A ce titre, l’initiative de Mgr Durocher l’interpelle: «Il y a des femmes qui servent dans l’Eglise, c’est évident. Mais cet appel a-t-il à se vivre dans le sens d’un ministère ordonné?». Dans la longue histoire de l’Eglise, il y a eu des diaconesses, reconnait Bertrand Georges. Mais, ajoute-t-il, «le pape a relevé la nécessité d’une théologie de la femme. Cela doit-il passer par un ministère ordonné ou le charisme féminin doit-il s’exprimer autrement?», interroge le responsable du diaconat.

De son côté, Marie-Josèphe Lachat, assistante pastorale engagée au Centre St-François à Delémont et formatrice d’adultes, réagit positivement à l’interpellation de l’évêque canadien. «J’y souscris pleinement. Car on reconnaîtrait ainsi aux femmes leur côté diaconal. Et on accepterait qu’elles accomplissent les tâches pour l’Eglise à égalité avec les hommes. Ensuite, ça ne ferait que reprendre ce qu’on sait des premiers siècles de la vie de l’Eglise durant lesquels il y a eu des diaconesses».

Des femmes responsables de paroisse

En outre, dans le diocèse de Bâle, beaucoup de théologiennes allemandes travaillent comme Gemeindeleiterinnen (responsables pastorales dans les paroisses) et elles ont hérité de cette tradition, «en déployant de manière forte ce côté diaconal», indique la responsable jurassienne.

Toutefois, ajoute Marie-Josèphe Lachat, «malgré mon désir pour l’accès des femmes au diaconat, je suis encore plus sensible, pendant le synode sur la famille, à ce qui concerne les femmes au sein du peuple de Dieu. La question du diaconat féminin ne concerne que les membres de l’Eglise. Tandis que l’accueil des personnes divorcées et remariées concerne l’image même de Dieu que nous donnons… Et cela est encore plus essentiel». (apic/bl)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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