Fribourg, 07.10.2015 (cath.ch-apic) L’engagement des religieuses ursulines dans le monde et l’estime dont elles jouissent à Fribourg devraient à nouveau attirer le public au 92 de la Rue de Lausanne.
Le vernissage de l’exposition temporaire – la 4ème exposition thématique – qui se tient au 3e étage de l’Institut Sainte-Ursule, a lieu dimanche 11 octobre. Ce vernissage sera suivi de la production d’une création musicale originale: la mise en musique par de jeunes compositeurs suisses de textes de condamnés à mort aux Etats-Unis.
Lors de la dernière «Nuit des musées» le 30 mai dernier, 900 personnes s’étaient pressées au pour visiter l’Institut Sainte-Ursule, siège de la Congrégation des sœurs ursulines à Fribourg. Les ursulines de Fribourg se disent prêtes à accueillir «une nouvelle marée humaine» le 21 mai prochain, pour une nouvelle «Nuit des musées», assure Sœur Anne-Véronique Rossi, supérieure générale des Sœurs de Sainte-Ursule à Fribourg.
L’intuition d’Anne de Xainctonge, fondatrice en 1606 de la Compagnie de Sainte-Ursule, qui était de venir en aide aux femmes et aux jeunes, en particulier aux plus démunis, est toujours d’actualité pour les quelque 430 ursulines réparties sur 4 continents, confie Sœur Anne-Véronique à cath-ch.
Depuis 1965, les sept branches, appelées «Maisons», des sœurs de Sainte-Ursule d’Anne de Xainctonge – c’est leur nom officiel – sont réunie dans une Fédération, avec les mêmes Constitutions et la même règle de vie. La couleur rouge, celle de la couverture des Constitutions, a d’ailleurs été choisie par les concepteurs de l’exposition, Chantal Esseiva et François Cuennet, deux experts en muséographie fribourgeois établis en Provence.
Les sept «Maisons» sont en France, à Dole, avec une communauté en Belgique, et à Tours, avec des communautés aux Etats-Unis et en République démocratique du Congo; en Suisse, à Fribourg, avec une mission au Tchad, à Sion, avec une communauté en Côte d’Ivoire, et à Brigue, avec des communautés en Afrique du Sud, en Inde et en Roumanie; enfin en Allemagne, à Fribourg-en-Brisgau et à Villingen, où cette dernière Maison a été fermée cette année.
L’intérêt montré par le public pour la communauté de Sainte-Ursule «nous a stimulées pour poursuivre la présentation de notre histoire et de notre quotidien; nous ne voulions pas garder dans nos coffres-forts cette histoire de fait très liée à Fribourg», note Sœur Anne-Véronique.
Après l’exposition de l’année dernière sur le travail des sœurs en Afrique, cette année les ursulines expliquent le rapprochement de leurs diverses Maisons qui étaient devenues indépendantes ou autonomes au gré des circonstances historiques. «Dès le début du XXe siècle, ces Maisons cherchèrent à se rapprocher. De même l’Eglise invitait les congrégations aux origines communes à risquer un pas de communion plus grande afin de mieux exercer leur charisme». C’est ainsi que naquit, le 15 juin 1965, la Fédération des Maisons de la Compagnie de Sainte-Ursule d’Anne de Xainctonge, comme on peut le voir dans les documents présentés pour l’occasion.
L’exposition présente, au moyen de photos suspendues au plafond, l’activité apostolique de ces «éducatrices de la foi» qui œuvrent dans de nombreux domaines sur quatre continents, «toujours attentives au besoin des jeunes, des femmes et des démunis», «elles tâchent d’éveiller, par leur présence et leur action, une petite lumière d’espérance et de confiance dans le cœur des personnes rencontrées».
Présentant la mise en œuvre de l’exposition, Chantal Esseiva, qui a déjà réalisé les premières expositions sur mandat des sœurs ursulines, a expliqué qu’outre les documents d’archives, il n’y avait pas beaucoup d’autres objets à présenter. Finalement, les concepteurs ont pu réunir des photos venant de toutes les Maisons, et les ont mélangées. «Nous avons matérialisé des nuages regroupant soixante images, partagées en cinq groupes, dont chaque thématique est identifiable grâce au texte des articles 7 et 8 des Constitutions». Le visiteur pourra ainsi découvrir, au fil des images, l’intense activité de ces religieuses à travers les continents.
Une petite salle adjacente présente le livre «Aimer, c’est tout donner», un livre devenu un bestseller et «le» livre de l’Année de la Vie consacrée, grâce à la volonté et au soutien du pape François. Pour ce petit ouvrage qui regroupe des témoignages simples et authentiques, les Sœurs de Sainte-Ursule se sont beaucoup investies aux côtés de Daniel Pittet, «un père de famille qui désirait dire merci aux religieuses de Fribourg de l’avoir aidé à être debout malgré les épreuves de la vie!», a relevé Sœur Anne-Véronique. JB
Encadré
Au début du XXe siècle, le nombre d’ursulines connaît une forte croissance, permettant d’ouvrir plusieurs écoles et pensionnats, notamment à Fribourg l’Ecole supérieure de commerce de Gambach, l’Ecole Normale, l’Ecole ménagère de la Rue de Morat, l’Ecole de nurses à Bertigny, des écoles de langues et diverses autres écoles dans les cantons de Fribourg, Vaud, Valais et Neuchâtel. Mais à la fin du siècle dernier, par manque de relève, plusieurs écoles doivent fermer.
Plusieurs secteurs du bâtiment de Ste-Ursule sont réaffectés: création du Centre spirituel Sainte-Ursule dans les locaux de l’Ecole Ste-Ursule qui déménage dans le bâtiment de Ste-Agnès, vente d’une partie du bâtiment à la Fondation Hänggi. Aujourd’hui, 48 religieuses dépendent de la Maison de Fribourg, dont cinq missionnaires en Afrique, au Tchad et au Congo, une junioriste et deux postulantes (*).
«En Occident, nos sœurs sont âgées; elles ont entre 75 et 80 ans», confie Sœur Anne-Véronique. A Fribourg, l’âge moyen des religieuses ursulines tourne autour de 80 ans, et la moitié sont médicalisées au sein de l’Institution de Santé pour Religieuses et Religieux fribourgeois (ISRF), qui dispose de trois unités de soins en ville de Fribourg, dans des maisons religieuses: l’Unité de St-Paul, au Boulevard de Pérolles 44; l’Unité de Ste-Ursule, à la Rue de Lausanne 92, et l’Unité d’Ingenbohl, au Chemin des Kybourg 20.
Outre l’Institut Sainte-Ursule, 4 ursulines de Fribourg vivent dans la communauté de Sainte-Agnès, dans le bâtiment de l’Ecole Secondaire Sainte-Ursule, 3 sœurs vivent une présence en milieu multiculturel dans le quartier de Villars-Vert, à Villars-sur-Glâne, 4 autres dans la communauté d’Onex, dans le canton de Genève, 7 à Pala, au Tchad, et une au Congo RDC.
(*) Juniorat: années avant de prononcer les vœux définitifs; postulat: première étape de la formation d’une religieuse, avant le noviciat.
Encadré
Arrivées à Porrentruy en 1619 à la demande du prince-évêque de Bâle, Guillaume Rinck de Baldenstein, les sœurs de Sainte-Ursule doivent bientôt affronter la Guerre de Trente ans. C’est pourquoi, en mars 1634, la communauté se disperse et une douzaine de sœurs partent pour Fribourg, où une fondation était demandée depuis plusieurs années par des personnes proches des Pères jésuites établis au Collège Saint-Michel. (apic/be)
Jacques Berset
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