Le chef de l’Eglise orthodoxe russe estime que l’intervention de la Russie dans la solution du conflit syrien devrait permettre de ramener la paix dans la région.
Pour justifier les frappes aériennes contre les djihadistes en Syrie, le président russe Vladimir Poutine a déclaré à la télévision nationale que «le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international – en Syrie comme dans les territoires voisins – est de prendre de vitesse, de lutter et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu’ils contrôlent et ne pas attendre qu’il arrivent chez nous».
L’engagement militaire russe en Syrie s’inscrit dans le cadre d’une «guerre sainte» contre le terrorisme, affirme le Père Vsevolod Chaplin, porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe. Il relève que l’intervention russe est conforme au droit international, «à la mentalité de notre peuple et au rôle particulier que notre pays a toujours joué au Moyen-Orient». Talgat Tadjouddine, grand mufti de Russie, a lui aussi approuvé les frappes militaires. Un comité représentant les principales religions de Russie, orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes devait publier le 1er octobre 2015 un communiqué en soutien à la décision prise par les autorités russes.
De son côté, le chef de l’Eglise orthodoxe russe a estimé que la décision du président Poutine «apportera la paix et la justice sur cette terre antique», rapporte le Département d’information du Saint-Synode.
«Souhaitant la paix aux peuples de la Syrie, d’Irak et d’autres pays du Moyen-Orient, nous prions pour que ce conflit local difficile ne se développe pas en une guerre plus vaste, pour que l’utilisation de la force ne conduise pas à la mort de civils, et pour que tous les militaires russes reviennent vivants à la maison», a déclaré le patriarche Cyrille.
Le patriarche de Moscou souligne que les chrétiens orthodoxes ont été profondément attristés par les nombreux cas de violence contre les chrétiens dans la région, par les enlèvements et les meurtres qui ont touché des évêques et des moines, et par la «destruction barbare de temples antiques».
Il ajoute que les musulmans de ces lieux, qui sont également sacrés pour les représentants de toutes les religions abrahamiques, «souffrent également de la situation causée par les terroristes».
Il souligne que l’Eglise orthodoxe russe a appelé plus d’une fois les gouvernements de la Fédération de Russie et d’autres pays, ainsi que les organisations internationales, à ne pas ignorer les souffrances des civils en Syrie et dans d’autres pays de la région».
«Nous connaissons la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les gens qui sont devenus la cible des extrémistes et des terroristes, non pas par ouï-dire, mais suite à des rencontres personnelles avec les chefs religieux du Moyen-Orient», poursuit-il. «Malheureusement, le processus politique n’a pas conduit à une amélioration significative de la situation de ces personnes innocentes et ils ont besoin de protection militaire».
La Russie devrait commencer à lutter contre les militants de «l’Etat islamique» sans attendre qu’ils s’infiltrent en Russie, a déclaré pour sa part Sergueï Ivanov, chef de l’administration du Kremlin. Il estime que des milliers de citoyens de la Russie et de la Communauté des Etats indépendants (CEI – entité intergouvernementale composée de 9 des 15 anciennes républiques soviétiques) ont rejoint les groupes terroristes au Moyen-Orient.
«Leur nombre augmente d’heure en heure, davantage encore qu’à un rythme quotidien», estime-t-il. «Il ne s’agit pas de dizaines ou des centaines, mais bien de milliers», a déclaré Sergueï Ivanov aux journalistes accrédité auprès du Conseil de la Fédération de Russie.
«Certains d’entre eux sont déjà rentrés en Russie, et il est facile de suggérer – pas besoin d’être un devin – qu’ils vont continuer à revenir sur notre territoire», a-t-il dit. «Ainsi, il est tout à fait opportun de mener des actions préventives sur les frontières lointaines plutôt que de faire face à ce problème en Russie même», a-t-il poursuivi, pour justifier l’intervention russe en Syrie. (apic/interfax/be)
Jacques Berset
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