Le pape a également jugé «simpliste» de penser que la communion serait «l’unique» solution pour les personnes divorcées remariées et rappelé que les questions traitées étaient plus larges.
Quelques heures après avoir rencontré un groupe de victimes de prêtres pédophiles à Philadelphie, le chef de l’Eglise catholique a qualifié ces actes de «sacrilège». Il a redit que l’ordination des femmes n’était pas envisageable et affirmé que l’objection de conscience était «un droit de l’homme».
A la question de savoir si la réforme récente des procédures de reconnaissance de nullité de mariage n’est pas un «divorce catholique», le pape a répondu: «Dans la réforme des procès de nullité, j’ai fermé la porte à la voie administrative qui était la voie par laquelle le divorce pouvait entrer. On peut dire que ceux qui pensent à un divorce catholique se trompent. Ce dernier document (le Motu proprio, ndlr) a fermé la porte au divorce qui pouvait entrer plus facilement par la voie administrative. La voie judiciaire restera toujours».
Le «Motu proprio» a-t-il clôt le débat ? «Cela a été demandé par la majorité des pères synodaux lors du synode de l’an passé: simplifier les procès parce qu’il y avait des procès qui duraient 10, 15 ans… une sentence, puis une autre sentence, et après un appel s’il y en a un, et après un autre appel et cela ne finit jamais. La double sentence quand elle était valide, avant que ne soit créé l’appel, a été introduite par le pape Lambertini, Benoît XIV, parce qu’il y avait en Europe centrale, je ne dis pas dans quel pays, des abus. Pour les arrêter, il a introduit cela. Mais ce n’est pas quelque chose d’essentiel au procès. Les procès changent. La jurisprudence change et elle s’améliore sans cesse. Il était urgent de faire cela à cette époque-là. Ensuite, Pie X a voulu simplifier, (…) mais il n’a pas eu le temps ou les possibilités de le faire. Les pères synodaux ont demandé cela: la simplification des procès de nullité matrimoniale».
«Ce ‘Motu proprio’ facilite les procès dans la durée, mais ce n’est pas un divorce parce que le mariage est indissoluble quand il est un sacrement, et l’Eglise ne peut le changer, c’est la doctrine, c’est un sacrement indissoluble. Le processus légal est là pour prouver que ce qui semblait être un sacrement n’était pas un sacrement, par manque de liberté par exemple, ou par manque de maturité, ou maladie mentale. Il y a de nombreux motifs qui, après une étude, une enquête, portent à dire: ›là, non il n’y a pas eu de sacrement parce que cette personne n’était pas libre. Un exemple qui n’est plus courant à présent, mais il l’est encore dans certains secteurs de la société, au moins à Buenos Aires: ces mariages où la fiancée était tombée enceinte… ›Vous devez vous marier’. A Buenos Aires, je conseillais aux prêtres avec force, j’interdisais presque de faire un mariage dans ces conditions. On les appelait les mariages précipités, pour couvrir toutes les apparences. Et l’enfant naît, certains (mariages) vont bien mais il n’y a pas la liberté, et ensuite, petit à petit, ils se séparent et on a été contraint à faire ce mariage pour couvrir cette situation. C’est une cause de nullité. Il y en a beaucoup. Les causes de nullité, vous pouvez les chercher sur internet, tout y est !».
Puis le pape a évoqué «le problème des secondes noces, des divorcés qui font une union. Vous avez dans ‘l’Instrumentum laboris’ ce qui est en discussion. Il me semble un peu simpliste de dire que le synode soit la solution pour ces gens et qu’ils peuvent communier. Ce n’est pas la solution, l’unique. L’Instrumentum laboris’ propose tant de choses…»
«Mais la question des nouvelles unions des divorcés remariés n’est pas le seul problème. Il y en a tellement dans ‘l’Instrumentum laboris’. Par exemple, les jeunes ne se marient pas. Ils ne veulent pas se marier. C’est un problème pastoral pour l’Eglise. Un autre problème: la maturité affective pour le mariage. Un autre problème: la foi ! ›Moi, j’y crois que c’est pour toujours, oui, oui, j’y crois’. La préparation au mariage. Je pense souvent à cela: pour devenir prêtre, il faut une préparation de huit ans. Et comme ce n’est pas définitif, l’Eglise peut te retirer le statut clérical. Alors que pour te marier, qui est pour toute la vie, on fait quatre cours, quatre fois, il y a quelque chose qui ne va pas. Le synode doit bien penser à comment bien faire la préparation au mariage, c’est une des choses les plus difficiles.»
Une journaliste demande une fois encore si l’Eglise appellera un jour des femmes au sacerdoce. «Cela, on ne peut pas le faire. Le pape saint Jean Paul II, après un long, long temps de discussion, une longue réflexion, l’a dit clairement. Non pas parce que les femmes n’ont pas la capacité. Regardez, dans l’Eglise, les femmes sont plus importantes que les hommes, parce que l’Eglise est une femme c’est ›la’ Eglise et non pas ›le’ Eglise. L’Eglise est l’épouse du Christ, et la Sainte Vierge est plus importante que les papes, les évêques et les prêtres. Alors il y a une chose que je dois te concéder: nous sommes un peu en retard dans l’élaboration de la théologie de la femme. Nous devons aller plus loin dans cette théologie, ça c’est vrai!».
Quelques heures après avoir rencontré un groupe de victimes de prêtres pédophiles à Philadelphie, le pape a qualifié ces actes de sacrilèges: «Les abus, nous savons qu’il y en a partout: dans l’environnement familial, dans le voisinage, les écoles, les salles de sport, mais quand un prêtre commet un abus, c’est très grave, parce que la vocation d’un prêtre est de faire croître l’enfant, la jeune fille, vers le haut, vers l’amour de Dieu, vers la maturité affective, vers le bien. (…) C’est presque un sacrilège, il a trahi sa vocation. (…) Ceux qui ont couvert ces choses aussi sont coupables, y compris certains évêques qui ont couvert cela».
A la question de savoir s’il comprend ceux qui ne veulent pas pardonner les prêtres coupables de tels actes, le pape a répondu: «Je le comprends, je prie pour et je ne les juge pas. Une fois, lors d’une de ces réunions, une femme me raconta: ›quand ma mère a appris que j’avais été abusée, elle a blasphémé contre Dieu, elle a perdu la foi et elle est morte athée’. Je comprends cette femme (la mère, ndlr). Je comprends cette femme et Dieu, qui est meilleur, la comprend également. Je suis sûr que Dieu l’a accueillie. Parce que ce qui a été détruit, c’était sa propre chair, la chair de sa fille. Je la comprends. Je ne juge pas quelqu’un qui ne peut pas pardonner. Je prie et je demande à Dieu qu’il l’accueille, parce Dieu est un champion pour trouver des solutions».
Le pape pourrait-il soutenir des personnes, y compris des fonctionnaires gouvernementaux, qui refuseraient par exemple, par objection de conscience, de valider des mariages de personnes de même sexe ? «Je ne peux avoir à l’esprit tous les cas qui existent en matière d’objection de conscience, a-t-il répondu, mais je peux dire que l’objection de conscience est un droit. Elle entre dans les droits de l’homme. Et si une personne ne permet pas de faire objection de conscience, elle nie un droit. Dans toute structure judiciaire doit entrer l’objection de conscience, car c’est un droit, un droit humain. (…) J’ai toujours été ému quand, lorsque j’étais enfant, j’ai lu plusieurs fois la Chanson de Roland. Tous les Mahométans étaient en ligne. Devant eux, il y avait les fonts baptismaux ou l’épée, et ils devaient choisir… On ne leur a pas permis l’objection de conscience. C’est un droit, et si on veut faire la paix, on doit respecter tous les droits». – Y compris pour les fonctionnaires gouvernementaux ? – «C’est un droit de l’homme ! Si le fonctionnaire gouvernemental est un humain, il a ce droit, c’est un droit de l’homme !» (apic/imedia/ami/be)
Jacques Berset
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