Quelques heures après être arrivé à Philadelphie, en provenance de New York, le pape François a présidé cette rencontre devant l’Independence Hall, où fut signée la Déclaration d’indépendance (1776) et adoptée la Constitution américaine (1787). «C’est ici que les libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées», a relevé le pape François devant «le lieu de naissance des Etats-Unis», en présence de membres de la communauté hispanique locale et d’immigrés.
Le droit à la liberté religieuse est «un droit fondamental», a expliqué en espagnol le chef de l’Eglise catholique, qui a relevé qu’un peuple «qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé». Et le pape d’évoquer plus loin l’histoire du siècle passé et «les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre ›paradis terrestre’ en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit».
Le pape a alors lancé un appel afin que «les adeptes des diverses religions unissent leurs voix pour appeler à la paix, à la tolérance, au respect de la dignité et des droits des autres». Cet appel est impérieux, a-t-il expliqué, «dans un monde où diverses formes de tyrannie moderne cherchent à supprimer la liberté religieuse, ou bien cherchent à la réduire à une sous-culture sans droit d’expression dans la sphère publique, ou encore cherchent à utiliser la religion comme prétexte à la haine et à la brutalité».
S’il a évoqué la menace qui pèse sur la liberté religieuse à travers le monde – persécutions, régimes autoritaires -, le pape François s’est d’abord appuyé sur l’exemple américain. Il a apporté son soutien au combat que mène une bonne partie de l’épiscopat américain. Ce combat se cristallise notamment autour de la réforme de la couverture santé menée par l’administration Obama en 2012 et qui implique pour les employeurs de rembourser les frais de contraception et d’avortement pour leurs salariés.
L’autre sujet de friction résulte de la récente légalisation du mariage homosexuel dans tout le pays, par la Cour suprême. L’épiscopat s’inquiète que des catholiques, dans leur activité professionnelle ou associative, se retrouvent face à des cas de conscience. Comme cette greffière du Kentucky condamnée à une peine de prison pour avoir refusé d’établir les certificats de mariage de plusieurs couples de même sexe.
Dans son discours, au pied du bâtiment de briques rouges de l’Independence Hall, le pape a également tenu à saluer les nombreux membres de la communauté hispanique présents, et de «récents migrants». «Ne soyez pas découragés», leur a-t-il lancé, «n’ayez pas honte de ce qui fait partie de vous, le sang de votre vie». Et le pape de mentionner leur «foi vibrante», ou encore leur sens profond de la vie familiale.
Accueillant le pape François, l’archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, avait déploré que l’Eglise soit «jugée trop dure» lorsqu’elle défend le mariage et la vie, et «jugée trop soft» lorsqu’elle défend les travailleurs immigrés et les familles brisées par l’exil. Auparavant, après un tour en papamobile, le pape François était arrivé face à la foule dans une mise en scène à l’américaine, avec en fond sonore la ‘Fanfare for the common man’, composée par Aaron Copland (1900-1990) pour l’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbour. (apic/imedia/ami/rz)
Raphaël Zbinden
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