Le pape lance un appel à l’unité de l’épiscopat américain

Washington, 23.09.2015 (cath.ch-apic) Le pape François a lancé à Washington, le 23 septembre 2015, un appel vigoureux à l’unité de l’épiscopat américain, qu’il a tancé avec douceur, l’exhortant à ne pas se laisser paralyser par la peur.

En rencontrant les pasteurs de l’Eglise catholique américaine dans la cathédrale Saint-Matthieu, le pape a aussi invité les évêques des Etats-Unis à un dialogue authentique et à faire face aux questions éthiques comme l’avortement. Il a également plaidé pour que les crimes de pédophilie au sein du clergé ne se répètent plus jamais.

Au fil d’un long discours prononcé en italien, le pape a ainsi plusieurs fois appelé les quelque 400 évêques américains à l’unité. «Notre mission épiscopale, a rappelé le chef de l’Eglise catholique, est en premier de cimenter l’unité». L’épiscopat américain est en effet particulièrement divisé sur des questions de société telles que le mariage homosexuel et l’avortement. Ces dernières années, des évêques se sont engagés dans un véritable combat judiciaire au nom de la liberté religieuse contre le mariage homosexuel, mais aussi contre la réforme de santé du gouvernement Obama, qui prévoit le remboursement de la contraception et de l’avortement. Mais d’autres évêques ont récemment demandé à l’épiscopat d’accorder plus d’efforts à la cause des migrants, jugée plus importante à leurs yeux.

S’il s’est réjoui de l’engagement indéfectible de leur Eglise pour la cause de la vie et de la famille, le pape a clairement encouragé les évêques à un accueil sans peur face à la longue vague d’immigration latine qui investit beaucoup de leurs diocèses.

Dans un pays où il ne fait pas toujours l’unanimité au sein de l’épiscopat, le pape argentin s›est par ailleurs présenté aux évêques comme un frère parmi des frères et a assuré que l’unité devait se vivre aussi avec le successeur de Pierre. «Je vous parle comme évêque de Rome, a déclaré le pape, appelé par Dieu, déjà âgé, d’une terre américaine elle aussi, pour préserver l’unité de l’Eglise universelle». «Sachez que le pape vous accompagne et vous soutient, qu’il pose lui aussi sur votre main, la sienne maintenant vieille et rugueuse mais, par la grâce de Dieu, encore capable de soutenir et d’encourager».

Les blessures de la pédophilie

En termes explicites, le pape a également fait allusion aux actes pédophiles commis par des membres du clergé sur des mineurs : «Je sais combien est gravée en vous la blessure de ces dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement pour guérir les victimes – conscients qu’en guérissant les autres, nous sommes aussi toujours guéris – et pour continuer à œuvrer afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais». Depuis les années 1990, une série de scandales sexuels a durablement déstabilisé l’Eglise catholique américaine.

Encourageant à annoncer l’Evangile de la famille et à affronter les questions de notre époque, le pape a énuméré ceux auprès desquels l’Eglise est appelée: la victime innocente de l’avortement, les enfants qui meurent de faim ou sous les bombes, les immigrés qui se noient à la recherche d’un lendemain, les personnes âgées ou les malades dont on voudrait se débarrasser, les victimes du terrorisme, des guerres, de la violence et du narcotrafic, l’environnement dévasté par une relation déprédatrice de l’homme avec la nature.

Avortement, mariage homosexuel

S’il a reconnu que les défis auxquels les évêques américains sont confrontés sont nombreux et qu’ils sont en terrain souvent hostile, le pape a invité avec force l’épiscopat à ne pas s’enfermer dans les murs de la peur, ou à regretter une époque qui ne reviendra pas en planifiant des réponses dures aux résistances qui sont d’ores et déjà âpres. «Malheur à nous, a-t-il poursuivi, si nous faisons de la croix un étendard de luttes mondaines».

Le pape a dès lors exhorté les évêques au dialogue authentique. «Autrement, a-t-il poursuivi, il n’est pas possible de comprendre les raisons de l’autre, ni de comprendre en profondeur que le frère à rejoindre (…) compte davantage que toutes les positions que nous jugeons éloignées des nôtres, même si celles-ci sont d’authentiques certitudes». Et d’insister : «Le langage aigre et belliqueux de la division ne convient pas aux lèvres d’un pasteur».

Au début de son discours aux évêques américains, le pape a adressé ses vœux aux frères juifs qui fêtent aujourd’hui Yom Kippour. Au terme de son intervention, il a salué nombre d’évêques, regrettant cependant de ne pouvoir tous les saluer. (apic/imedia/mp)

Maurice Page

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