Des larmes et de la colère. Voilà les sentiments qui auront prédominé au cours de la XXIème Assemblée nationale du CIMI, qui s’est tenue du 15 au 18 septembre à Luzania, dans l’Etat de Goias, au centre du Brésil. En présence des délégués de tous les Etats du pays et de plus de 200 représentants d’indiens, les participants ont fustigé les violences et les exactions dont sont victimes les peuples indigènes du Brésil.
Principale cible des participants, «les institutions de l’Etat qui, jour après jour, cherchent à plonger les peuples indigènes dans l’obscurité, a dénoncé Anastácio Peralta Guarani, un cacique de la tribu des Guarani-Kaiowa de l’Etat du Mato Grosso do Sul. La propriété privée est devenue le droit absolu, au-dessus de n’importe quel autre. Le pouvoir législatif travaille sur des dizaines de projets de loi et d’amendements de la Constitution pour défaire les droits existants des indigènes».
Le cacique a également dénoncé les milices et les pistoleros qui se conduisent comme s’ils étaient des policiers d’un Etat génocidaire. Et qui n’hésitent pas à semer la terreur et même tuer, y compris des enfants, comme cette petite fille Guarani-Kaiowa de sept ans, assassinée en juin dernier dans la communauté de Kurusu-Amba, dans l’Etat de Mato Grosso do Sul, lors d’une embuscade tendue par des pistoleros à plusieurs membres de cette tribu. Ses membres refusent de quitter leurs terres malgré les pressions exercées par un éleveur de la région. D’où le commentaire acerbe d’Anastácio Peralta Guarani qui a marqué les esprits: «Au Brésil, un enfant indien vaut moins qu’une tête de bétail».
Une phrase choc qui a interpellé les participants, parmi lesquels Jacques Távora Alfonsin, avocat, procureur de la République à la retraite et membre de l’ONG «Accès, citoyenneté et droits humains», proche du CIMI. «Notre pays ne reconnaît pas, de fait, sa propre pluri-nationalité. Alors même que la Constitution est claire sur la nécessité de respecter leurs droits, l’Etat impose au peuple indigène toutes les valeurs de la culture et de l’idéologie blanche, consacrant ainsi un racisme réel, rempli de préjugés, qui attente à la dignité des indiens».
Pour mettre fin à cette situation, Jacques Távora Alfonsin préconise donc de s’inspirer des Constitutions de la Bolivie et de l’Equateur. «Depuis la 1ère assemblée nationale du CIMI en 1975, nous défendons le droits des peuples indigènes à l’autodétermination, a-t-il rappelé. Nous défendons l’idée d’un Etat plurinational comme alternative au modèle actuel, qui est soumis aux intérêts privés». (apic/jcg/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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