Voyage aux Etats-Unis: un test politique pour le pape François

Washington, 22.09.2015 (cath.ch-apic) Le pape François foulera le sol des Etats-Unis le 22 septembre 2015. Il marquera l’histoire en devenant le premier pontife à s’adresser devant le Congrès. Le chef de l’Eglise catholique passera un test politique ardu face à une assemblée en partie hostile à ses positions.

Le Congrès américain est dominé par les Républicains, dont beaucoup sont en désaccord avec la récente encyclique du pontife sur le changement climatique et ne peuvent accepter ses critiques virulentes du capitalisme. Pour compliquer encore l’affaire, un certain nombre de Républicains réfractaires sont catholiques. L’un de ces derniers, Paul Gosar, a d’ores et déjà annoncé qu’il boycotterait le discours du pape.

D’un autre côté, le président Obama et le Parti Démocrate- dont beaucoup de membres ne sont pas catholiques, ni même croyants – sont désireux de collaborer avec le pape. Barack Obama a déjà travaillé avec le pontife sur une affaire géopolitique de haute importance: la restauration des relations diplomatiques avec Cuba. Dans un récent briefing aux journalistes, le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a répété que le Vatican s’opposait depuis longtemps à l’embargo pesant sur l’île. Lorsqu’on lui a demandé si le pape comptait soulever le sujet devant le Congrès, le porte-parole a répondu: «Je ne suis pas prophète».

Le rôle de l’Eglise dans le monde

Le 20 septembre, l’administration Obama a indiqué qu’elle augmenterait jusqu’à 100’000 en 2017 le nombre de réfugiés du monde entier accueillis aux Etats-Unis. La mesure est loin de répondre à la demande mondiale, mais elle sera perçue par le pape, qui a appelé les paroisses d’Europe à accueillir des réfugiés, comme un pas dans la bonne direction.

Le pape François possède un sens politique certain. Durant son séjour, aux Etats-Unis, il s’efforcera d’éviter toute politique partisane. Il insistera probablement sur les points auxquels le président Obama souscrit largement, notamment le changement climatique, l’immigration, la lutte contre la criminalité et l’inégalité économique. Il pourrait également articuler ses idées sur l’économie de façon à démontrer qu’il ne désire pas la fin du libre-marché, mais la mise en place d’un système qui mette au centre l’homme et non plus le profit.

A ce point de son voyage en Amérique du Nord, le pape François a réaffirmé le rôle que l’Eglise peut jouer au plan mondial. Jamais, depuis les efforts de Jean Paul II pour mettre un terme à la Guerre froide, un pape n’a joué un tel rôle directeur sur les sujets de géopolitique.

Un itinéraire symbolique

Mais, alors que Jean Paul II ne faisait que traverser la scène mondiale, la visite du pape François porte avec elle un message sur la logique du pouvoir. Sa décision d’entrer aux Etats-Unis via Cuba est un puissant appel aux deux pays à renouer le dialogue.

Le pape François veut que l’Eglise s’implique dans les affaires du monde, que ce soit sur le changement climatique, ou en mettant fin à des blocages immémoriaux entre certains pays. Cette attitude peut aller de pair avec le risque de s’emmêler dans le débat politique ou d’occasionnellement se brûler les doigts. Mais comme le pape le répète régulièrement, il est préférable pour l’Eglise de prendre des risques et des coups que de devenir une Eglise «repliée sur elle-même et pour elle-même». (apic/tab/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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