«Je sais au prix de quels efforts et au prix de quels sacrifices l’Eglise à Cuba travaille pour porter à tous, jusqu’aux endroits les plus éloignés, la parole et la présence du Christ», a relevé le pape François dans son homélie.
Depuis un demi-siècle de régime athée, l’Eglise catholique est sérieusement entravée dans son action pastorale, malgré de timides progrès ces 15 dernières années.
Dans son homélie, le pape a alors particulièrement salué le rôle des «maisons de mission qui, face au manque de lieux de culte et de prêtres, permettent à de nombreuses personnes d’avoir un espace de prière, d’écoute de la Parole, de catéchèse et de vie de communauté». A sa façon, le pontife a ainsi évoqué l’impossibilité pour l’Eglise de construire des lieux de culte, à l’exception récente d’une église à La Havane.
Le pape a consacré son homélie à saint Matthieu, fêté le 21 septembre, et à la vocation du percepteur des impôts devenu l’un des apôtres. Depuis Holguín, une ville dont est originaire la famille Castro, le pape François a semblé lancer une pique au régime: «Pour Matthieu et pour tous ceux qui ont senti le regard de Jésus, les concitoyens ne sont pas ceux aux dépens desquels on ›vit’, dont on use et abuse», a-t-il ainsi assuré.
Dans la chaleur moite de la troisième ville du pays, le pontife de 78 ans a semblé fatigué lors de cette messe, deux jours après son arrivée sur le sol cubain. Deux cérémoniaires le soutenaient à chaque fois qu’il devait monter des marches.
Le 21 septembre est un jour particulier dans la vie de Jorge Mario Bergoglio. Récemment encore, le pape François racontait avoir ressenti «l’appel» du Seigneur à une vie sacerdotale et religieuse après s’être confessé, le 21 septembre 1953. «Je suis entré par hasard dans l’église, j’ai vu un confessionnal et j’en suis sorti différent, (…) ma vie a changé», confiait ainsi le pape à de jeunes consacrés, le 17 septembre dernier.
Cette rencontre avec la miséricorde divine au jour de la fête de saint Matthieu est à l’origine de la devise du pape: «Miserando atque eligendo». Celle-ci provient d’un sermon du moine Bède le Vénérable (environ 672-735) qui commentait l’appel du Christ à saint Mathieu: «Vidit ergo lesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi sequere me» (Jésus vit un publicain, il l’aima, il le choisit et il lui dit : ›Suis-moi’»). (apic/imedia/ami/be)
Jacques Berset
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