Le chef de l’Eglise catholique a une nouvelle fois invité le clergé à refuser toute «mondanité» et à faire preuve de toujours plus de miséricorde.
Dans la cathédrale de La Havane, le pape a été salué par le cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino qui a évoqué l’abnégation du clergé cubain et des missionnaires sur l’île castriste. «L’Eglise qui vit à Cuba est une Eglise pauvre», a souligné l’archevêque de La Havane, relevant que cette pauvreté contribuait à sa façon à «la solidarité et à la fraternité entre tous». Puis une religieuse des Filles de la charité a témoigné de la joie de son engagement auprès des handicapés physiques et mentaux.
Laissant tomber le texte préparé pour cette célébration, le pape a alors qualifié de «prophètes» ses deux interlocuteurs, proposant une méditation sur le mot «malcommode» de «pauvreté» et l’aide «aux plus petits des plus petits». Au fil de son intervention, il a exhorté le clergé et les religieux à refuser «l’esprit du monde», à l’exemple du fils de Dieu, opposant «l’esprit de mondanité riche» à «l’esprit de pauvreté».
«Etre pauvre est la seule richesse qui vaut la peine», a lancé le pape François avant d’affirmer en souriant qu’un «économe désastreux» était «la meilleure bénédiction que Dieu peut envoyer à une congrégation» car «Dieu veut une Eglise pauvre».
Dès lors, le pape a invité à «aller à la rencontre du plus petit, de celui qui est abandonné, qui est malade», soutenant que «celui qui sert le plus petit sert Jésus de façon superlative». Il a aussi exhorté les prêtres à ne pas avoir «peur de la miséricorde». «Ne cessez jamais de pardonner», a-t-il encore lancé aux prêtres.
Dans le texte préparé pour l’occasion, le pape François évoquait les «décennies» de «sacrifice» de l’Eglise catholique à Cuba. En dépit des entraves du régime castriste depuis plus d’un demi-siècle, le pape relevait le «témoignage tellement précieux» des catholiques, «malgré les fatigues, les scepticismes, y compris malgré le désespoir qui est une tentation très dangereuse qui mine l’âme».
Auparavant, le pape François s’était rendu au Palais de la Révolution, le palais présidentiel, où il s’était entretenu plus d’une demi-heure en privé avec le chef de l’Etat Raúl Castro. Lors de cette rencontre, le pape a offert au président cubain un grand cadre en mosaïques représentant la patronne de l’île, Notre-Dame de la charité du cuivre. L’artiste de l’atelier des mosaïques du Vatican ayant réalisé l’œuvre était présente aux côtés du pape. A l’invitation du pontife, elle l’accompagne en effet dans ce voyage.
Quant à Raúl Castro, il a offert au chef de l’Eglise catholique une immense statue d’un «Christ migrant», crucifié sur des rames. Avant de parvenir à la cathédrale de La Havane, le pape a fait une brève halte dans la paroisse jésuite de la capitale cubaine.
Au terme d’une longue journée à La Havane, le pape François a rencontré de jeunes Cubains qu’il a exhortés au «rêve» et invités à «l’espérance», le 20 septembre 2015 à La Havane. Laissant de côté son discours, le pape a déploré l’absence de dialogue dans un monde «détruit» par l’inimitié, montrant du doigt une Europe où le chômage n’offre aucun avenir aux jeunes dans un monde en proie à la «culture du rejet».
«Le monde est en train de se détruire par la guerre parce qu’ils sont incapables de s’asseoir et de parler, de négocier», a lancé le pape à quelques jours de sa visite au siège des Nations unies, à New York. «L’inimitié la plus grande, a-t-il insisté, est la guerre».
«Ne vous ›ridez’ pas, ouvrez-vous et rêvez qu’avec vous le monde pourra être différent», a au contraire lancé le pape, encourageant les jeunes Cubains à «l’espérance», à vivre leur rêves en se concentrant sur ce qui les unit plus que sur ce qui les divise.
«Les jeunes sont l’espérance d’un peuple», a insisté le pontife argentin avant d’évoquer la situation européenne et «la quantité de jeunes qui n’ont pas de travail». Après avoir mentionné le fort taux de chômage dans certains pays du vieux continent, le pape latino-américain a soutenu qu’»un pays qui ne se préoccupe pas de donner du travail à son peuple (…) n’a pas d’avenir», précisant qu’il s’agissait de la responsabilité de tout le peuple, et pas seulement des gouvernants.
Une nouvelle fois, alors, il a fustigé «la culture du rejet», dénonçant la mise à l’écart des jeunes comme des personnes âgées. «Dans certains pays il y a l’euthanasie, a-t-il dit, mais dans tant d’autres il existe une euthanasie cachée». (apic/imedia/ami/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse