Interrogé par le Centre de télévision du Vatican (CTV), le cardinal Pietro Parolin a rappelé l’opposition du Saint-Siège quant à l’embargo américain imposé depuis 1962. Une position «bien connue», a-t-il insisté. Les deux précédents papes, Jean Paul II et Benoît XVI, ont d’ailleurs dénoncé cet embargo lors de leurs voyages respectifs en 1998 et 2012. En effet, a expliqué le secrétaire d’Etat qui accompagnera le pape François durant son voyage, «ce type de sanction provoque des désagréments, des souffrances dans la population qui le subit».
L’embargo, appelé «blocus» par La Havane, a été posé suite à des nationalisations cubaines au détriment de sociétés américaines. S’il ne concerne plus les produits alimentaires et les médicaments depuis 2000, il demeure très restrictif en matière de déplacements humains et d’argent depuis les Etats-Unis en direction de Cuba. Il n’est pour l’instant pas levé depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays en décembre 2014.
Mais la fin de l’embargo, si elle est souhaitable, ne suffira pas si elle n’entraîne pas aussi des changements au sein de l’Etat insulaire, a souligné le cardinal Parolin: «Il faut espérer qu’une telle mesure, c’est-à-dire une libéralisation (…) au niveau économique, puisse conduire aussi à une plus grande ouverture du point de vue de la liberté et des droits humains».
Le cardinal Parolin a expliqué également que le pape entrera de Cuba aux Etats-Unis symboliquement «comme un migrant». La question de l’immigration, qui est une préoccupation constante du pape, sera, a-t-il précisé, un des thèmes les plus importants de sa visite. Parmi les autres grands thèmes qui seront abordés, notamment au Congrès des Etats-Unis et au siège des Nations unies, le diplomate a cité l’écologie intégrale, qui comprend «la nature transcendante de la personne, de laquelle découlent ses droits fondamentaux, en particulier le droit à la vie et à la liberté religieuse».
Le pape, a poursuivi le cardinal Parolin, «invitera à changer nos styles de vie pour pouvoir être gardiens de la création et non pas maîtres ou agresseurs de la création». Un appel qui concerne le système capitaliste, a fait observer le haut prélat: «Il faut réaliser que les choses ne sont pas sur la bonne voie (…). Il faut un changement». (apic/imedia/ak/rz)
Raphaël Zbinden
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