Financée à l’époque par le président Félix Houphouët-Boigny, pour un montant total de 67,2 millions de francs, celle qu’on surnomma la «basilique de la savane», est aujourd’hui un centre de tourisme et de pèlerinage. Notre-Dame de la Paix surpasse Saint-Pierre de Rome avec ses 158 mètres de hauteur et sa coupole de 90 mètres de diamètre pour 60 mètres de hauteur, surmontée d’une croix en or. Consacrée il y a 25 ans par le pape Jean Paul II, la basilique fut ouverte au culte en 1991.
Pour son architecte, Pierre Fakhoury, la construction de la basilique reste associée au président Félix Houphouët-Boigny, son commanditaire. Le président souhaitait exprimer, avec cette construction, sa reconnaissance à la Vierge Marie pour la Côte d’Ivoire, longtemps considérée comme un havre de paix et de prospérité en Afrique de l’Ouest. Le président avait choisi l’emplacement, avec l’idée de faire de Yamoussoukro, son village natal, la capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire.
«Le président voulait rendre hommage à son Dieu et, demeurer dans la mémoire des Ivoiriens. Ceux-ci oublieront peut-être qu’il fut un autocrate à poigne pour se souvenir de sa légende de bâtisseur et de son inébranlable foi», espère l’architecte.
Il se souvient de la première conversation avec Houphouët Boigny sur le projet. Celle-ci portait sur les questions de la foi et de l’appartenance religieuse. «Fakhoury, tu ne serais pas musulman, avec un nom comme ça?», lui avait demandé le président, avant de signer le document officiel confiant la conception et la maîtrise d’œuvre à l’architecte, un ivoirien d’origine libanaise. «Je ne crois pas en Dieu, mais puis-je vous rappeler, Monsieur le Président, que je m’appelle Pierre!», avait-t-il répondu au chef de l’Etat
Pierre Fakhoury a promis de répondre, un jour, à la question de savoir si le pape Jean-Paul II avait appelé Houphouët-Boigny pour le prier de contenir l’ambition de son architecte à vouloir surclasser la basilique Saint-Pierre de Rome. Quant à la question du coût exorbitant de la construction, Pierre Fakhoury la rejette d’un revers de main.
Encadré
La basilique Notre-Dame de Yamoussoukro en chiffres
Bâtie sur une surface de 130 hectares qui a nécessité 800’000 mètres-cubes de terrassement, la basilique de Yamoussoukro peut accueillir 200’000 personnes, dont 7’000 à l’intérieur, le reste sur l’esplanade et sous les gigantesques colonnes sculptées de son péristyle.
L’accès au parvis s’effectue par une allée de marbre longue de 1 km, qui traverse 37 hectares de jardins à la française. Le sol de la basilique est recouvert de marbre importé d’Italie, d’Espagne et du Portugal. La basilique possède 8’400 mètres-carrés de vitraux réalisé en France. L’un d’eux, consacré à l’entrée de Jésus à Jérusalem, immortalise le président-mécène se tenant humblement aux côtés du Christ.
L’édifice culmine à une hauteur de 158 mètres. Il est soutenu par une triple colonnade de 48 colonnes doriques et 12 colonnes ioniques, représentant les douze apôtres. A cette colonnade intérieure, correspondent les 128 colonnes jalonnant l’esplanade extérieure.
Le chantier a mobilisé, entre 1986 et 1989, plus de 1’000 ouvriers. La construction fut achevée en un temps record pour que le président vieillissant pût y prier avant de mourir. Houphouët-Boigny est décédé en 1993, à l’âge de 88 ans, quatre ans après l’achèvement des travaux.
Controverses
Le coût de la construction de la basilique a été source de nombreuses polémiques.
Même le Vatican a exigé qu’une partie de l’argent soit utilisée pour des œuvres sociales. Pendant la construction de l’édifice, les Ivoiriens étaient descendus dans la rue, réclamant plus d’usines et moins d’églises. L’opération paraissait d’autant plus scandaleuse que les catholiques ne représentaient que 22% de la population ivoirienne sur un total de 36% de chrétiens. (apic/ag/ibc/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/cote-divoire-celebration-des-25-ans-de-la-basilique-de-yamoussoukro/