Le pape François n’a pas appelé à une amnistie générale des prisonniers  

Rome, 03.09.2015 (cath.ch-apic) Dans une lettre publiée le 1er septembre 2015 en vue de l’année sainte de la Miséricorde, le pape François évoque la «grande amnistie» présente dans la tradition juive du jubilé. Plusieurs médias ont traduit cela comme un appel à une amnistie générale des détenus, ce que le Vatican a démenti.

A l’occasion du Jubilé de la miséricorde (8 décembre 2015 – 20 novembre 2016), le pape François a souhaité que la miséricorde divine touche en particulier les prisonniers.

Selon plusieurs médias, le pape François aurait ainsi souhaité que le Jubilé de la miséricorde soit l’occasion d’une grande amnistie en faveur des détenus partout dans le monde. Mais le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a immédiatement assuré que «ce (n’était) pas une requête d’amnistie adressée aux autorités civiles (…) Il s’agit d’une lettre adressée à l’Eglise», a relevé le père Federico Lombardi après la parution de la missive du pape.

«Cet aspect, a précisé le porte-parole du Vatican, se trouve dans la tradition jubilaire, mais en disant cela, le pape ne fait pas un appel en faveur d’une amnistie à caractère juridique». Et le Père Lombardi d’ajouter: «S’il veut le faire, il pourra le faire en d’autres termes mais ce n’est pas le sens de cette lettre».

Transformer les barreaux

La lettre dans laquelle le pape François annonce sa décision d’élargir la faculté d’absoudre le péché d’avortement à tous les prêtres et de rendre «valide et licite» l’absolution accordée par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie-X, évoque ainsi la situation des détenus, «qui font l’expérience de la restriction de leur liberté». «Le jubilé, écrit le pape, a toujours constitué l’opportunité d’une grande amnistie, destinée à toucher de nombreuses personnes qui, bien que méritant une peine, ont toutefois pris conscience de l’injustice qu’elles ont commise, et désirent sincèrement s’insérer à nouveau dans la société en apportant leur contribution honnête».

Le pontife souhaite alors «que parvienne de façon concrète à toutes ces personnes la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le plus besoin de son pardon». Il souhaite que les personnes détenues obtiennent l’indulgence liée au jubilé dans les chapelles des prisons, que la porte de leur cellule soit en quelque sorte leur Porte Sainte, car «la miséricorde de Dieu, capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les barreaux en expérience de liberté».

La grâce pour tous

Dans la tradition juive présente dans l’Ancien Testament, en partie reprise par l’Eglise catholique au 14e siècle, le jubilé représentait un temps de renouveau social au cours duquel les prisonniers étaient libérés, les dettes annulées, les fautes pardonnées, les esclaves affranchis. Tous les 50 ans, la grâce de Dieu était alors accordée à tous.

A l’occasion du «Jubilé des détenus», prévu au Vatican le 6 novembre 2016, il n’est cependant pas impossible que le pape François, qui est très proche du monde carcéral depuis son épiscopat à Buenos Aires, fasse un appel semblable à celui de Jean Paul II. Ce dernier, lors du Jubilé de l’an 2000, avait en effet lancé un appel à la clémence et demandé aux autorités compétentes de tous les pays du monde de réduire les peines des détenus et de revoir le système carcéral. (apic/imedia/ami/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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