L’archevêque et l’imam de Bangui reçoivent un nouveau prix de la paix en Allemagne

Berlin/Dakar, 02.09.2015 (cath.ch-apic) L’archevêque de Bangui, en République centrafricaine (RC), Mgr Dieudonné Nzapalainga  et l’imam la grande mosquée de la ville, le cheikh Kobine Layama, ont reçu le 1er septembre, à Aix-la-Chapelle, au nord de l’Allemagne, le Prix 2015 pour la Paix d’Aix-la-Chapelle.

Ce prix qui est doté de 1’000 Euros, récompense chaque année, une ou des groupes de personnes qui se sont distinguées pour la paix. Il est remis le 1er septembre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la guerre, a souligné la Deutsche Welle (la Voix de l’Allemagne) www.dw.com/fr.

Mgr Nzapalainga et l’imam Layama ont été distingués pour leur œuvre au quotidien, à faire dialoguer les religions, afin de mettre un terme à la guerre civile en Centrafrique qui dure depuis deux ans. Outre les deux leaders religieux centrafricains, un groupe d’étudiants africains d’Oujda, au Maroc, a été aussi  été récompensé pour son aide aux migrants.

L’opportunité du renouveau

Dans une interview commune à la DW dont ils étaient les «invités de la semaine», diffusée mercredi matin 2 septembre, l’évêque et l’imam ont exclu toute candidature à une élection présidentielle dans le pays. «Nous n’allons pas nous substituer aux hommes politiques. Notre devoir est pastoral, et nous restons dans le cadre de la religion pour que nos compatriotes centrafricains vivent ensemble dans la légalité et dans la justice».

Pour Mgr Dieudonné Nzapalainga, la crise est une opportunité d’un renouveau. «Certes, il y a eu beaucoup de violences et de barbaries, mais nous avons pris de la hauteur pour dire que c’est n’est pas l’idéal que nous avons reçu en héritage de nos ancêtres  et de notre foi», a-t-il souligné.

Il a aussi rappelé le récent forum inter-centrafricain, un acte fondateur qui a réuni au début de l’année, les représentants de toutes les régions, couches sociales, partis politiques, de la société civile, des différents groupes rebelles du pays. «On s’est réuni, on s’est dit les quatre vérités, et nous ne devons pas nous écarter de cette feuille de route», a-t-il fait remarquer

Pour sa part, l’imam Layama, a déclaré que les extrémismes proviennent parfois de l’ignorance. «En Afrique, les sermons de prière des vendredi ne sont pas traduits dans les langues locales. Or, il est nécessaire de les traduire aux fidèles dans leurs langues. Il faut donc des leaders religieux qui maîtrisent la religion musulmane, prennent leur courage pour aller vers les fidèles et leur parler dans leurs langues», a-t-il souligné. Il a cité en exemple des combattants de l’ex- Séléka qui ne savaient pas «mais, aujourd’hui, ils ont compris le message, à savoir, que le bon musulman ne doit pas tuer, ni violer, et ne doit pas être un ennemi de la paix», a-t-il poursuivi.

Selon lui, les centrafricains ont tiré les leçons de la crise. Ils ont pris la décision de bannir l’impunité, de promouvoir la bonne gouvernance, et de mettre en place une commission réconciliation, justice et vérité. (apic/dw/mp)

Maurice Page

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